Le retour à l’anormal, le monde d’après ?

Proposé par un lecteur

 

I – Les conséquences du confinement pendant la crise sanitaire du COVID-19

Existentialisme

Depuis le confinement imposé par le gouvernement le 15 Mars, deux mois ce sont écoulés avec un bouleversement sans précédent pour notre vie quotidienne et dans l’organisation de la société.

 

Ce choc a permis a une grande partie de la population restée confinée chez elle d’avoir le temps de réfléchir sur des aberrations criantes de la façon dont ce monde capitaliste et ultra-libéral a fragilisé nos services publics ainsi que la dépendance à des imports internationaux où la production de matériel indispensable, comme la fabrication des masques chirurgicaux, devient un casse-tête si la chaîne des transports est mise à mal.

Puis de réfléchir aussi à ses modes de vie, à quels sont réellement ses besoins de première nécessité, quelles sont les personnes qui comptent vraiment dans son entourage, quels sont les vrais intérêts de ce que m’impose cette société, qu’est ce que je devrais changer dans ma vie pour être en accord avec moi, quels rapports de solidarité je veux entretenir avec ma vie locale… Bref, sûrement que beaucoup de remises en question et des crises existentialistes ont surgi dans cette période pour certains.

 

Écologie

Nous avons aussi été subjugués par les bienfaits du ralentissement de la pollution avec celui de l’activité humaine, nous offrant le spectacle d’une faune qui s’est vite réappropriée des espaces enfin vides d’activité humaine, les eaux du canal de Venise redevenir transparentes et claires, les nuages de pollutions se dissiper en masse.

 

Comme si les cris d’alerte, lancés depuis des décennies par des scientifiques observant le climat et nous demandant de sauver une extinction massive des espèces vivantes, mettant aussi notre espèce humaine en danger, auraient été enfin entendus !

 

Mais les écologistes ont aussi très peur des conséquences déclenchées par cette crise. Je vous conseille d’ailleurs la lecture de cet appel alarmant des revues Terrestres (Revue des livres, des idées et des écologies): Ne laissons pas s’installer le monde sans contact.

 

Précarité

Puis, le spectacle moins réjouissant des conditions humaines dégradantes, dans des situations précaires, qui a du être plus dissimulé par les grands médias main stream en quête de nouvelles rassurantes, a du ressortir de manière exacerbée dans des contextes déjà inquiétants pour leurs maltraitances.

Je pense aux monde carcéral surchargé qui a vécu des crises difficiles à gérer au bord de la mutinerie, aux hôpitaux psychiatriques sous tension qui manquent d’effectifs et de moyens et en arrivent à ne plus être en mesure de vraiment soigner les patients et qui semblent avoir eu une recrudescence de jeunes atteints de bouffées délirantes aiguës dans ce climat anxiogène, aux cités précaires victimes de violences policières inavouables, aux femmes et enfants battus dans leur domicile dans un climat de violence conjugale.

Bien sûr, dans nos campagnes, nous sommes un peu préservés des conditions de vies violentes qui existent dans les fortes concentrations humaines que sont les villes, mais n’oublions pas qu’elles sont juste à côté de nous et qu’elles représentent une majorité de la population et de la vie active.

 

Délation

 

Ensuite, il y a eu un phénomène des plus déplaisants, rappelant une triste période de l’histoire de ce pays: la délation. Les services de la police et de la gendarmerie ont été dépassés par le nombre astronomique d’appels téléphoniques pour dénoncer des comportements de citoyens qui ne respectaient pas les mesures de confinement.

 

C’est un phénomène mondial, à tel point que dans de nombreux pays des sites de dénonciation ont été mis en place et sont parfois victimes de leur succès, plantant techniquement le site.

 

Des intelligences artificielles aussi sont mises en place pour répondre à cet engouement, nous enfonçant encore un peu plus dans un monde despotique où même le chef d’œuvre littéraire 1984 de Georges Orwell n’a pas mesuré à quel point la surveillance et l’atteinte aux libertés pouvaient être développées. Ces mécanismes ont bien été établis dans les chasses aux sorcières ou des génocides prémédités. Comment avoir confiance en l’humanité quand elle dénonce aveuglément son voisin ?

 

Surveillance

La dérive des objets de surveillance est très inquiétante, déjà la profusion des caméras de surveillance est une aberration qui a su générer surtout des profits aux constructeurs et qui n’a jamais prouvé son utilité.

 

Je vous conseille  de vous intéresser à l’observatoire de La Quadrature du Net qui lutte pour que les États ne nous surveillent pas de façon arbitraire ou massive, notamment à des fins politiques sous des prétextes sécuritaires. La Quadrature du Net s’emploie à dénoncer et faire connaître ces pratiques illégitimes et à changer le droit, tant au Parlement que devant les juges. Leur page sur ce sujet se trouve ici : Surveillance.

 

L’application Stop-COVID débattue à l’Assemblée Nationale est aussi une dérive inquiétante, au-delà de l’intérêt général d’une lutte contre la propagation du virus. Les arguments de la Quadrature du Net pour nous avertir de la dangerosité de cette application sont très clairs et je vous invite à les lire sur leur page: Nos arguments pour rejeter StopCovid .

L’utilisation d’une application dont les objectifs, les techniques et les conditions même d’usage portent des risques conséquents pour notre société et nos libertés, pour des résultats probablement médiocres (voire contre-productifs), ne saurait être considérée comme acceptable pour nous – tout comme pour beaucoup de Français·es. Le temps médiatique, politique et les budgets alloués à cette fin seraient mieux utilisés à informer et protéger la population (et les soignant·es) par des méthodes à l’efficacité prouvée, telles que la mise à disposition de masques, de matériel médical et de tests.

 

Désinformation

Une des conséquences de cette période de crise, assez anxiogène a été la propagation incroyable de fausses nouvelles et de théories complotistes ou confusionnistes, tellement productive qu’un terme a été inventé « l’infodémie ».

La liste est exhaustive partout dans le monde et ici aussi je vous conseille de parcourir une page, c’est Wikipédia, l’encyclopédie en ligne, qui a fourni à travers ses contributeurs un travail rigoureux d’information et de vérification des sources sur la Désinformation sur la pandémie de Covid-19.

 

La Conspiration ne fait qu’exacerber les haines et diviser le peuple en fabriquant des ennemis illusoires qui drainent les forces utiles à la conception d’une autre société où les dérives d’intérêts de certains seraient muselées ou remplacées par les décisions de tous. A quoi peut bien servir de lutter contre un ennemi réel ou supposé, alors qu’il nous suffit pour les démasquer de remettre en cause le système social qui les fait naître et leur permet de prospérer…

La seule solution est de mettre en place un système social basé sur la Démocratie et le contrôle des entités à risque par le peuple (dans l’éventualité ou de telles entités auraient une légitimité). Lutter pour la refondation d’un autre système est bien plus utile que lutter contre des chimères ou des groupes qui n’existent que par le système actuel. Sans compter que si l’on compte les faire disparaître tous, dans le contexte actuel, le contrôle individuel devrait être tel qu’il ouvrirait une voie royale au fascisme !

 

Internet

 

Le grand gagnant ou le grand perdant de cette crise ?

Cette vie confinée chez soi a eu une conséquence énorme sur l’usage des écrans et d’internet pour une majeure partie de la population.

 

 

 

Entre le télé-travail préconisé par le gouvernement, les instituteurs qui ont, bon gré mal gré, tenter de garder un contact avec des élèves en utilisant des outils technologiques, les visioconférences entre proches que nombre de personnes ont découvertes, les artistes multipliant des rencontres artistiques virtuelles, l’offre hallucinante des plateformes de loisirs ou de films en streaming pour supporter le confinement, les sites pour sauver des petits commerces où des drive paysans pour préserver un peu l’économie fragile de leurs activités, saturant le flux des données circulant sur internet qui a bien failli tomber. La technologie des TIC s’accélère,  prenant une place prédominante dans nos vies modernes.

Attention à ce que ce ne soit qu’une mesure liée à cette crise, car ce développement gargantuesque pourrait aussi devenir une norme, imposant une distanciation sociale accrue.

Je suis pourtant un défenseur de l’outil internet, mais connaissant son fonctionnement avec une certaine éthique et pour une utilisation sobre et en conscience de ce qu’impliquent certains gestes. À ce sujet, je ne peux que vous conseiller, si vous avez du temps et l’envie de mieux connaître comment fonctionne internet et ses enjeux, de suivre une petite formation gratuite offerte par l’association Framasoft et La Ligue de l’Enseignement : MOOC Chatons. Le MOOC CHATONS est un parcours de formation visant à apporter un regard critique et des prises de conscience quant au web auquel les géants du numérique veulent assigner la société.

 

II – Le monde d’après le confinement

Retour à la normale ou à l’anormal

Pendant tout ce temps aussi, beaucoup d’associations humanitaires ou écologistes, des personnalités du monde du spectacle, des experts scientifiques et des sciences humaines, des économistes, se sont réunis et ont lancé des alertes.

Pour beaucoup d’entre eux, il est temps de changer nos sociétés en profondeur si nous ne voulons pas assister à la fin dramatique de nos civilisations.

Tout est remis en question, nos politiques, le consumérisme, le capitalisme effréné qui poussé par l’ultra-libéralisme à fini par dominer et asservir la planète toute entière. Même notre Président semble avoir besoin de se réinventer, ou du moins c’est ce qu’il a prétendu lors de l’une de ses apparitions avec un discours empreint de gravité, m’a presque fait croire que nous allions bientôt le voir assister à la fête de l’Humanité avec un T-shirt à l’effigie de Che Guevara.

Qu’est ce qu’ils sont forts les chargés de communication pour nous faire croire à de beaux discours.

Texte proposé par Rodolphe – 15/05/2020

 

5 commentaires sur Le retour à l’anormal, le monde d’après ?

  1. Je suis d’accord : quel bonheur de voir le voile de pollution disparaître sur la vallée du Doux, de distinguer le relief et la netteté des couleursdes paysages comme jamais, d’observer la folle insouciance des animaux…etc. Mais qui aurait envie de perdre ce paradis retrouvé ?

    « Concrètement, comment s’y prendre? » dites-vous ? Mais peut-être en admettant une bonne fois qu’il y a de bonnes idées dans tous les mouvements politiques français. Au lieu que chacun cherche à tirer la couverture à soit pour arriver aux postes « clé » ; tous ces partis feraient bien mieux de réfléchir à des lendemains dans l’intérêt du plus grand nombre, en acceptant qu’il y a des gens pauvres, des moins pauvres, des riches, des richissimes par exemple ; que la richesse ne devrait ni faire peur ni rendre jaloux car si on voulait bien s’en donner la peine, l’abondance serait accessible à tous. Mais vivre pleinement cette vie se résume-t-elle seulement à l’argent ? Non bien sûr. L’idéal : une société qui se ré-invente pour respecter l’humain, l’animal, le végétal et le minéral, en même temps ; pas les uns au détriment des autres. Pour cela,il va falloir y croire très fort, adopter de nouvelles croyances et peut-être espérer un leader humaniste à la tête de ce Nouveau Monde…Moi, je veux y croire. Il est grand temps d’exister et non pas de survivre. Yalla !
    P.S. Ecrivez donc à Notre Président…le site de l’Elysée incite à faire remonter nos suggestions et propositions. Le vrai changement ne peut venir à mon sens que d’un élan initié du « Peuple », comme ils disent.
    Ne perdons plus de temps autour du Covid19 ! Contaminons nous à l’Espoir de lendemains meilleurs pour tous ! Chacun peut faire quelque chose, de sa place.

    • Bonjour,
      Merci pour votre ressenti Jocelyne.
      Par contre, je ne crois pas pouvoir accepter si facilement «qu’il y a des gens pauvres, des moins pauvres, des riches, des richissimes par exemple». Je crois aussi que «si on voulait bien s’en donner la peine, l’abondance serait accessible à tous», sans parler d’abondance, car ce serait catastrophique, il doit sûrement être possible de tous vivre bien et dignement sur cette planète si l’écart des richesses n’était pas si prononcé et si nous étions pas asservis par des politiques.
      Je ne veux pas croire non plus à l’espoir d’«un leader humaniste à la tête de ce Nouveau Monde», je crois que ce Nouveau Monde ne voudra plus de verticalité du pouvoir. L’histoire nous a donné assez de leçons pour ne pas tomber dans le piège d’un leader qui empêcherait toute entreprise d’intelligence collective.
      Et bien sûr, «L’idéal : une société qui se ré-invente pour respecter l’humain, l’animal, le végétal et le minéral, en même temps ; pas les uns au détriment des autres».
      Je n’écrirai pas au Président, qui a sûrement d’autres préoccupations que de lire nos lettres et j’aurai surtout l’impression de «pisser dans un violon», si je peux me permettre.
      Tout à fait d’accord avec votre formule «Contaminons nous à l’Espoir de lendemains meilleurs pour tous ! Chacun peut faire quelque chose, de sa place.», mais aussi je crois que le besoin de s’organiser à plusieurs est nécessaire comme le raconte si bien Alain Damasio dans sa chronique: «Pour le déconfinement, je rêve d’un carnaval des fous, qui renverse nos rois de pacotille»

  2. Quand je parle « abondance », c’est le bien vivre et le mieux être pour tous, sur tous les plans, mais ça demande aussi un travail sur soi.
    Eh bien, soyons fous, déguisons nous s’il le faut le moment venu (on a déjà le masque) et allons danser dans la rue, pour montrer qu’on est là, des guerriers pacifistes, non violents, qui n’ont plus envie de s’en laisser compter et surtout qui veulent participer à l’avènement d’un monde plus juste !

  3. Dettes et Finances .
    Sujets peu abordés par nos politiques car sans réponse à ce jour, mais qui risquent cependant d’impacter notre société pour longtemps.
    Sans trop de chiffres, ce qu’il faut savoir :
    la dette des pays européens est de 10 400 Milliards ( Ml.)€ soit 85 % des PIB ( 12 235 Ml.€ ). Pour info, l’Italie 140 % de son PIB, Portugal 120 %, Belgique et France 100 % puis 115 % fin avril.
    La solidarité des pays européens ne fonctionnant pas, pour un partage des dettes, la BCE en a donc racheté pour 1100 Ml.€ soit 10% , rachat qui devrait passer à 20 % à la fin de la pandémie.
    De plus en plus souvent envisagée, l’annulation de la dette, passerait par le non paiement partiel des créanciers qui en détiennent plus de la moitié ; cela parait sérieux. Mais c’est se priver de futures ressources qu’ils ne voudront plus assumer. Les banques et assurances françaises en détiennent respectivement 6 et 19 %.
    Une autre idée fait son chemin, que la BCE prenne les dettes des États à hauteur de leur investissement dans la transition écologique.
    Mais surtout, que la BCE monétarise cette dette par la création de monnaies à hauteur des 30 %. Pour la France , la BCE détient pour l’instant 20 % de sa dette qui va rapidement augmenter.
    Il faudra alors bloquer à la fois une éventuelle inflation et surtout une augmentation des prix .
    Pour les finances des États, l’idéal serait que la BCE emprunte elle-même auprès des marchés à des taux très bas et redistribue cet argent à chaque État en fonction de ses besoins. Sauf que les conditions d’obtention de ces prêts européens ne sont pas suffisamment définis et nécessitent un accord de tous les pays membres, ce qui n’est pas encore le cas.
    La position de guerre déclarée par le président,laisse penser que des décisions prises lors de ces évènements, pourraient être appliquées , à savoir un accroissement des impôts sur les capitaux et patrimoines les plus riches .
    On pourrait aussi prévoir un prélèvement unique au-delà d’un certain revenu pris sur le tiers des 15 000 Ml.€ de patrimoine détenu par 5 % les plus riches . Un taux de 2 % rapporterait 100 Ml.€, insuffisant et non pérennisés.
    Ces aides devront d’abord porter sur des dépenses de soutien, conséquences de la pandémie puis au moment du déconfinement, à des aides à la relance économique.
    Plusieurs pistes donc:
    – un équilibrage de ce fardeau au sein des économies européennes,
    – une monétarisation des dettes par la BCE. avec création de monnaies, à hauteur de 30 %.
    Il faut alors bloquer l’inflation à venir ainsi que la possible montée des prix.
    – Une autre action forte au USA. pour compenser les pertes de revenus, la monnaie dite hélicoptère, signifiant le paiement par l’État à chaque individu d’une somme de 1200 €, 2300 pour un couple et 500 par enfant. Des économistes avaient déjà envisagé cette solution pour dynamiser l’économie mondiale plus efficace que les blocages des salaires et retraites.
    -Il va falloir transformer le cheminement de l’argent de la BCE, passant par les banques nationales. Elles doivent répercuter ces actions et mesures auprès des entreprises ou ménages , ce qu’elles ne font pas forcément, prenant indument des bénéfices au passage.
    Si la monnaie hélicoptère permet d’échapper à ces inconvénients, la réglementation européenne n’est pas encore prête.
    Décider de la fermeture des paradis fiscaux devenus intolérables.( 100 Ml.€/an en France)
    Il restera alors et toujours la question de la maitrise des dettes européennes.

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