Un petit coin de paradis entre Doux et col du Buisson – Molière

Le hameau de Molière, la perle cachée de Pailharès

La route qui descend vers le Doux depuis le col du Buisson est longue et sinueuse. Au détour d’un virage, on aperçoit un clocher pointu dans un écrin de verdure, puis un panneau qui annonce à la fois le hameau de Molière et le cul de sac qui le préserve des voitures.

 

Quelques maisons en pierre dans des ruelles fleuries, une place tranquille, une église dont le mobilier est classé monument historique, une grande bâtisse qui a servi d’école: une bulle hors du temps !

Les souvenirs des résidents du hameau nous rappellent que Molière comptait autrefois un café qui faisait aussi épicerie et boulangerie, un bureau tabac qui faisait aussi salon de coiffure et quatre fermes. Parmi les artisans on comptait un sabotier, un menuisier, un forgeron, un coiffeur.

L’école accueillait quarante à soixante élèves, certains venant des communes voisines étaient pensionnaires.

 

Aujourd’hui, il n’y a plus de commerces mais la plupart des maisons du village sont occupées, soit à l’année, soit de façon saisonnière.

Tous sont attachés à ce lieu et à son histoire et se souviennent des fêtes organisées dans la cour de l’ancienne école, des parties de boules multiples ou encore de l’évacuation d’urgence, une nuit de 2003 lors du terrible incendie qui menaçait les limites du bourg (voir août-2003-la-commune-de-pailharès-brulait)

Molière (parfois aussi Molières) est un hameau de la commune de Pailharès qui s’est développé au XIXème siècle.

Situé sur un promontoire naturel, au-dessus de la vallée du Doux, face au massif des Boutières, le hameau ne figurait pas sur les cartes du XVIIIème siècle, mais est présent sur les plans d’état-major, de 1820 à 1866.

Le cadastre napoléonien de 1837 y signale trois maisons seulement, dont la ferme Fournier à proximité de laquelle s’élèvera l’église et le hameau.

 

Ce territoire a fait partie de 1296 à 1789 du mandement de Rochebloine-Pailharès qui sera démembré à la Révolution.

La partie Sud du mandement sera rattachée à Nozières, la zone jouxtant le Doux rejoint Désaignes, le hameau de Molière demeure avec Pailharès.

Tous ces découpages correspondent plus ou moins au relief (ruisseaux notamment). Molière aurait très bien pu être rattaché à Lafarre ou Nozières avec lesquels les affinités sont plus fortes, le Col du Buisson constituant plus qu’une barrière géographique.

 

Église de Molière

(l’église et l’ancienne cure devenue maison d’habitation)

 

Vers 1862, le curé de Pailharès envisage de créer un détachement de sa paroisse. On choisit le site de Molière malgré l’absence de source d’eau abondante dans ce secteur.

L’église, érigée en 1870, est consacrée à Saint Joseph le 1er août 1871. L’abbé Bruyère en devient le premier curé. Le 28 janvier 1872 a lieu la bénédiction de la première cloche. L’abbé agrandit encore l’église d’une travée, construit la sacristie et deux tribunes latérales.

Les successeurs de l’abbé Bruyère seront l’abbé Lacombe présent entre 1904 et 1907, l’abbé Boyer mobilisé en 1915, l’abbé Petit nommé en 1925 et l’abbé Chanal nommé en 1933. Ce dernier était aussi « vicaire économe » de Lafarre, et enfin l’abbé Pradon.

Le maître-autel (classé monument historique) et la chaire proviennent de l’ancienne église qui a précédé la Basilique de Lalouvesc ouverte en 1871.

Ces deux pièces de mobilier du XVIIIème siècle sont de style baroque, en bois peint richement sculpté et doré.

Sur le devant de l’autel, sculpté dans un cartouche, on observe un thème fréquent de l’iconographie chrétienne : l’Agneau du livre de l’Apocalypse.

Le tabernacle central flanqué de chérubins est supporté par les représentations symboliques des quatre évangélistes : l’aigle, le lion, le taureau et l’ange.

 

Quelques faits relatifs à l’église et à la paroisse de Molière :

  • 1907 : Réfection du toit et du clocher, et agrandissement du cimetière.
  • 1925 : Rénovation du chœur et de l’autel, construction de la tribune et acquisition d’un harmonium.

 

 

 

 

  • 1926 : Mise en place du Calvaire dans le cimetière.

Implanté sur un socle en maçonnerie sur lequel est apposée une plaque, le calvaire est dédié aux soldats de Molière morts en 1914 -1918.

 

 

Le nom des victimes n’est pas inscrit sur ce monument.

Il est complété par une plaque gravée de leurs identités, située dans l’église paroissiale.

 

 

 

  • Années 1950 (non daté avec précision) : remplacement de la flèche du clocher.

Sur l’échafaudage, on distingue à gauche, en soutane, l’abbé Pradon qui  sera le dernier curé résidant à Moliére.

Sur le fronton de l’église la statue de Saint Joseph tombée un jour de grand vent, ne sera jamais remplacée.

 

L’École

Vers 1855, le hameau de Molière est choisi pour l’implantation d’une maison de religieuses tenue par les Béates du Puy dont le but était d’enseigner la religion et la dentelle aux filles des villages et hameaux de Haute-Loire et d’Ardèche  et « d’apprendre aux enfants la lecture et l’écriture ». (Une ruelle est aujourd’hui baptisée rue des Béates)

 

Un établissement nommé « le Couvent » voit d’abord le jour au hameau d’Agrève.

En 1871, l’abbé Bruyère rapatrie l’école à Molière, louant dans ce but deux pièces dans la ferme Fournier.

En 1877, cet établissement est reconnu en école congrégationniste publique subventionnée. Deux religieuses du couvent de Lalouvesc puis de Saint Félicien viennent y enseigner, parmi elles, sœur Marie-Albert qui exercera la fonction de directrice durant plus de 50 ans, de 1881 à 1934, année de son décès.

Dès 1888, une souscription est lancée pour financer la construction d’une école conforme à la réglementation et permettant l’accueil de pensionnaires.

Le 25 mars 1890, la nouvelle école est achevée. Une salle des fêtes nommée »préau » y sera aménagé après la deuxième guerre mondiale et rares sont les jeunes de l’époque à ne pas s’y être adonnés au théâtre.

L’école fermera ses portes en 1975.

 

Aménagements publics

  • Années 1930, l’abbé Roche crée des chemins d’accès à Molière et construit la passerelle du Doux. Il agrandit la cure côté nord et acquiert avec sœur Marie-Albert, la source située au-dessus du village.

Le bassin de réception, dans le jardin de la cure était utilisé non seulement pour l’école et la cure, mais pour l’ensemble de la petite communauté villageoise. Un déversoir alimentait un lavoir sur l’unique place du hameau, devant l’église.

  • 1934 : Électrification du hameau.
  • 1937-1938 : Ouverture de la route Col du Buisson-Molière.
  • Années 1970 : La route de Molière au Doux est goudronnée.
  • 2001 : Le pont de Clara sur le Doux reliant Labatie d’Andaure à Molière est reconstruit en dur.
  • 2003-2005 :  Un forage permet enfin une alimentation en eau potable des hameaux d’Agrève, Molière et Tête.

 

Molière s’est fortement dépeuplé durant la seconde moitié du XXème siècle, il fait le plein de résidents à la belle saison.

Une association de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine de Molière est en passe de voir le jour.

 

RAD (Sources : Archives départementales d’Ardèche, «Notes sur l’histoire de Molière» -photos anciennes Léon Monchal)

 

3 commentaires sur Un petit coin de paradis entre Doux et col du Buisson – Molière

  1. Je me souviens de ce que me disait mon père ,élève de sœur Marie Albert, lorsque c’était nécessaire, elle remontait ses robes et faisait entrer l’instruction à grands coups de pied au cul avec ses sabots !!!!!! Le sabot : chaussure que moi_même ai porté pour aller à l’école jusqu’à fin des années cinquante: sabots confectionnés par mon oncle Alphonse et mon grand-oncle Gabriel Vallon au Maréchal.

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