EHPAD Lamastre: quand les paroles ne suffisent pas …

 

Nous sommes le 6 août 2018. La canicule s’est installée sur la quasi totalité du pays depuis plusieurs jours et bien plus encore chez nous.

 

Seule la frange nord respire. Tout le reste du pays transpire et attend la fin du cauchemar annoncée pour les prochains jours. Enfin, à ce que dit « la météo »….

 

A la télé, les présentateurs ânonnent les recommandations habituelles : boire beaucoup, fermer les volets le jour, ne pas faire d’efforts physiques… autant d’évidences qui n’en sont plus désormais pour une population déboussolée, accro aux sacro-saintes vacances et à la climatisation salvatrice.

 

Le spectre de la canicule de 2003 et des 15 000 morts qu’elle provoqua est encore présent dans toutes les mémoires.

 

Cette canicule a été révélatrice d’une société dite moderne incapable de prévenir et contenir les effets d’une catastrophe sanitaire sur une fraction importante de sa population. Par catastrophe sanitaire, il faut entendre tout événement entrainant une crise majeure pendant laquelle la réponse sanitaire en place n’est plus suffisante pour prendre en charge l’afflux des victimes. La capacité de réponse du système est dépassée et des renforts sont nécessaires.

« Nous sommes préparés », assurait jeudi 2 août, devant les caméras de LCI, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès BUZIN. « Le plan canicule est totalement activé. Il y a une très forte mobilisation de l’État, il y a un plan canicule qui est travaillé en amont dès le mois de juin avec toutes les directions de l’administration, les grandes associations, les mairies, les préfets et des citoyens bénévoles qui sont mobilisés ».

 

Mais, au delà de la logorrhée verbale ambiante, en quoi est-on mieux préparés aujourd’hui qu’en 2003 ? Faut-il rappeler depuis combien d’années le budget de la Santé est limité au maximum de ce qui est tolérable ?

 

Il faut faire des économies, nous dit-on, et serrer les boulons partout. Sur le terrain, on se rend pourtant compte que tout n’est affaire que de choix politiques.

 

Parlons de choses concrètes et qui nous intéressent sur le plan local.

 

Une des réponses gouvernementales à la canicule de 2003 a été d’obliger à aménager une salle climatisée dans toutes les maisons de retraite.

 

A Lamastre, lorsque les travaux de construction du nouveau bâtiment ont été engagés, les strictes prescriptions ministérielles ont été respectées : la climatisation a été installée dans les salles à manger, ce qui est déjà bien.

 

Problème, qui n’est d’ailleurs pas spécifique à Lamastre : tous les résidents ne peuvent pas se rendre dans ces salles, certains sont cloués au lit, d’autres préfèrent l’intimité de leur chambre ou ne sont pas en capacité de se rendre compte qu’il y fait, de jour comme de nuit, entre 25 et 30 degrés depuis plusieurs semaines.

 

 

On a installé des ventilateurs qui brassent de l’air chaud en permanence. En quelque sorte, un emplâtre sur une jambe de bois, alors qu’on avait l’occasion unique de faire largement plus que les prescriptions ministérielles si on avait disposé de moyens financiers suffisants.

 

 

 

 

Les familles des résidents constatent bien que l’air est plus frais dans les couloirs à proximité immédiate des salles à manger climatisées. Alors, combien de plus au projet aurait coûté l’installation de quelques climatiseurs supplémentaires dans ces mêmes couloirs, à défaut de les installer dans chaque chambre ? Il était ensuite loisible de laisser les portes des chambres ouvertes pour profiter de cette fraîcheur.

 

Il ne s’agit pas là de pointer des carences au niveau des directions passées et présentes, où de critiquer le personnel qui d’ailleurs en souffre lui aussi. Loin de là le propos.

Chacun a fait ce qu’il a pu et fait avec les moyens qu’on lui donne et justement les moyens, nos pouvoirs publics ont décidé de les mettre ailleurs.

 

Un exemple de cette mauvais utilisation de nos impôts : Mossieur WAUQUIER, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes va accorder à Lamastre une subvention pour installer les 8 caméras de surveillance sur le domaine public que notre Maire a demandées. Coût pour les contribuables : 120 000 euros. Mesure sécuritaire dont l’inutilité n’est plus à démontrer.

 

Combien de climatiseurs supplémentaires, aurait-on pu installer dans notre EHPAD si, à tous les niveaux décisionnaires, on avait choisi d’y affecter cet argent ? Et combien existe-il en France d’autres exemples d’une utilisation aberrante de l’argent public.

Les budgets ne sont pas étanches que diable. Où doit-on mettre la priorité ? Sur le tout sécuritaire où sur la santé publique.

 

 

Raccourci facile, l’occasion était belle direz vous ?

Non, nous voulons simplement dire que lorsqu’on consacre 120 000 euros d’argent public à des projets inutiles, c’est autant de moins qu’il reste pour des choses fondamentales. Il s’agit pour nous de démontrer l’absurdité d’une société malade de ses incohérences et de ses peurs.

 

RAD

 

 

1 commentaire sur EHPAD Lamastre: quand les paroles ne suffisent pas …

  1. Permettez que, par expérience, je ne partage pas votre point de vue sur l’inutilité des ventilateurs. Insuffisants, amis agréables.
    Plus sérieusement: comment pouvez-vous critiquer l’installation de caméras qui permettront aux « voyeurs » de frissonner au spectacle de la jungle lamastroise…

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