Que d’eau, que d’eau – la salle des fêtes de Lamastre vaut bien une prière !

 

Le 26 juin 1875, le Président de la République, Mac – Mahon, passait à la postérité.

 

Venu constater les dégâts causés par une crue de la Garonne, et pour couper court au discours « fleuve » du maire qui l’accueillait dans sa commune, il aurait déclaré : « Que d’eau, que d’eau ! » ce que à quoi le Préfet local doué d’un sens certain de la répartie lui aurait répondu : « Et encore, Monsieur le Président, vous n’en voyez que le dessus …! »

 

Ce 18 septembre, notre région a connu elle aussi un épisode pluvieux exceptionnel, concentré plus particulièrement sur les secteurs de Vernoux, Alboussière et Tournon, pour ne citer que le secteur ardéchois.

 

 

Selon certains témoins il y serait tombé entre 200 et 300 mm d’eau au m2 entre 2h00 du matin et midi.

 

Par contre à Lamastre la station météorologique située juste à l’aval du pont de Tain n’aurait enregistré « que » 130 mm tandis que la pluviométrie sur le haut bassin du Doux était négligeable.

 

Il s’en est suivi une montée spectaculaire de tous les affluents du Doux situés APRÈS la rivière Sumène.

 

Ainsi le Doux qui ne débitait que 48 m3/s à 12 h00 au pont de Tain pour la raison que nous venons de citer plus haut, en débitait près de 500 à Tournon (source « Vigicrues » encore consultable).

 

Comme aurait dit l’auteur du Cid : « Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 3000 en arrivant au port ».

 

Si tous les affluents du Doux et le Doux en amont de Lamastre avaient reçu autant d’eau que le Condoie, notre ville aurait sans nul doute connu une situation pire que lors de la crue de 1963.

Un seul exemple pour illustrer le propos : de mémoire locale, le Condoie, dont la source est située au lieu-dit Perrier, juste avant d’arriver à Cluac, n’avait pas connu de crue aussi importante depuis 1963. Pour exemple il était dans la rue des Massorts et son lit a été bouleversé. On peut estimer qu’il roulait sous ses deux ponts à Lamastre entre 50 et 100 m3/s pour un bassin versant de moins de 10 km2 (tous ses tributaires sont situés sur la moitié du  territoire de la commune de Saint Basile, laquelle couvre 17 km2).

 

Le bassin versant du Doux fait, quant à lui, 260 kms2 à Lamastre.

 

Faites le calcul, pas si empirique que çà. En partant d’une fourchette basse (260 / 10 x 50) on obtiendrait un débit phénoménal de 1300 m3 à la seconde sous le pont de Tain contre à peu près 1000 m/3 à la seconde en 1963.

 

Lamastre a donc échappé de peu à la submersion.

 

Cette éventualité n’a manifestement pas échappé à notre édile local qui ce matin là a été aperçu par de nombreux témoins arpentant les abords de la salle des fêtes, implorant sans doute la clémence des cieux pour que le bâtiment dont il a décidé la construction presque dans le lit du Doux , ne soit pas la victime des flots en furie.

Tout en reconnaissant l’utilité d’un tel ouvrage pour les lamastrois, nous avions dénoncé dans un précédent article le choix de son implantation dans une zone inondable. Dans une publication de juin 2023, Lamastre.net écrivait par ailleurs: « salle polyvalente construite dans le lit du Doux ».

 

Rappelons que le coût de la construction du bâtiment a été fortement majoré en raison du risque de submersion et que les services de l’État (DDE notamment) avaient formulé un avis négatif à ce projet car l’eau atteignait à cet endroit 2 m de haut en 1963.

 

Les prières de l’édile ont été exaucées : 60 ans après la crue du siècle, le Condoie a lui tout seul ne pouvait pas menacer la pérennité du bâtiment et c’est bien heureux.

 

Il n’en sera inéluctablement pas toujours ainsi. On ne joue pas impunément avec Dame Nature qui n’a que faire des intérêts électoraux.

 

RAD

 

1 commentaire sur Que d’eau, que d’eau – la salle des fêtes de Lamastre vaut bien une prière !

  1. Cela me fait penser au bulletin d’info intercommunal de 2015 (il me semble que c’est le seul d’ailleurs), lors du mot de Mr Le Président qui s’adresse à nous en comparant les 24 élus « comme des matelots qui souquent ferme pour garder le cap ».
    « Les marins (élus) du bateau « intercommunal » ne sont ni de tribord, ni de bâbord, car ils ont les yeux rivés sur la proue qui les guide jusqu’à l’intérêt général avant tout ».
    « Sans faire de vagues, le navire avance au gré des vents et en tirant des bords pour atteindre les continents que constituent les multiples chantiers et projet futurs … ».
    « Alors, embarquez avec nous à la vitesse de 36 nœuds (pages) avec le vent en poupe;;; ».
    La faut quand même reconnaître ses talents de devin, effectivement on a frôlé la catastrophe.
    Et pendant que nous investissions des millions d’euros dans une bonne galère, le changement climatique, lui a le vent en poupe et nous a bel et bien rattrapé.
    Plus d’argent à investir pour l’entretien des chemins communaux qui hélas se sont fortement délabrés et quand de fortes pluies comme nous avons subi ce fameux lundi nous tombent sur le coin de la figure eh bien eux n’ont pas résisté.
    Une énorme coulée de boue a déferlé dans ma rue et a fini sa course dans le quartier de Macheville en laissant quelques séquelles. Le chemin qui monte aux bois d’Urbillac déjà bien mal-en-point. Cette fois-ci il ne lui reste même pas la peau sur les cailloux. Point positif, cela a mis en valeur l’ancienne voie romaine, magnifique œuvre de l’homme, mais extrêmement glissante et casse-gueule.
    A l’abordage moussaillon.

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