Salle des fêtes de Lamastre, et vogue la galère !

 

« Fluctuat nec mergitur » (Il est battu par les flots mais il ne sombre pas), devise de la ville de Paris, va t-elle aussi devenir la devise de la ville de Lamastre ???

 

Annoncé en grande pompe dans les médias locaux depuis plusieurs semaines, le projet de salle des fêtes va (enfin) sortir de terre au quartier du Pont… à moins que, littéralement parlant, il ne sorte de l’eau !

 

Qu’on en juge :

 

Un habitant de Lamastre, nous a fait parvenir une photo de l’arrêté municipal du 27 novembre 2020 au terme duquel le maire signe le permis de construire ce bâtiment.

Cet arrêté est affiché dans le hall d’entrée de la mairie.

On constate que le Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) a émis un avis « réputé » favorable.

En droit administratif, un avis est réputé favorable quand le service censé le donner ne l’a pas fait dans le délai imparti. On applique ainsi l’adage : « Qui ne dit mot consent ».

 

On constate surtout que le bureau de prévention des risques de la direction départementale des territoires (anc. DDE) a émis 2 avis défavorables au projet :

 

  • Une première fois le 17 juillet 2020.
  • Une deuxième fois le 19 novembre 2020, en réponse au dossier de relance du maire de Lamastre, pour la raison majeure que « ce projet de construction (recevra) du public vulnérable (enfants)…qu’il est situé sur une parcelle concernée par un risque fort d’inondation, avec une hauteur d’eau de 2 m pour la crue de référence, sur un cours d’eau sujet à des phénomènes de montée des eaux et de vitesse d’écoulement rapides et dépourvu de système d’alerte… »

 

Le rejet du projet par les fonctionnaires de la DDE n’est en rien étonnant. La crue de référence dont ils parlent est bien sûr celle du 3 août 1963 qui est encore dans la mémoire de beaucoup de Lamastrois. Ce jour-là, en l’espace de quelques heures, le Doux est passé à Lamastre de l’état de modeste ruisseau à celui de fleuve d’un débit presque équivalent à celui du Rhône à Valence.

Lire ou relire 3 août 1963 – la crue du Doux -prévention du risque crue à Lamastre

 

D’aucuns ont pu écrire qu’il s’agissait d’une crue millénale qui ne surviendrait que tous les 1000 ans. C’est totalement faux : il s’agissait d’une crue centennale, et une telle crue peut survenir plusieurs fois dans une période de cent ans.

Ainsi, en l’espace de 40 ans, le Doux a connu 9 crues moindres mais significatives à Lamastre.

(3 août 1963 – Retourtour: le pont est submergé par les flots du Doux)

 

La hauteur maximum d’expansion des eaux au cours de cette crue a fait l’objet d’une étude réalisée en 1995 par le bureau BCEOM à la demande de l’ancien Syndicat DOUX CLAIR.

En 2006, la DDE a réalisé un Plan de Prévention des Risques Inondation (PPRI) sur la commune de Lamastre.

Les 2 rapports (sources Internet) confirment l’existence d’un risque fort d’inondation au niveau de « la plaine située au nord de l’ancienne digue du CFD ainsi que celle située à l’aval de la confluence du Doux avec le Grozon » donc à l’emplacement de la future salle des fêtes.

 

Le risque est considéré comme étant « fort » (c’est la dangerosité maximale) lorsque, par exemple, la hauteur de submersion est égale ou supérieure à 2 m.

D’une façon générale, la règlementation relative à cette zone proscrit toute opération d’urbanisation.

En 1963, le Doux atteignait la côte NGF 366,43 au droit de sa confluence avec le Grozon ce qui est beaucoup plus élevé que l’emplacement choisi pour cette salle des fêtes.

 

 

 

Le Plan de prévention des risques d’inondation à Lamastre est consultable ICI

 

 

On rétorquera : « Quand on voit le danger, on peut s’en écarter ». C’est peut-être aussi ce que se disaient les familles qui ont perdu des proches en 1963 et plus près de nous celles, des victimes des inondations de la Roya dans les Alpes Maritimes les 2 et 3 octobre 2020.

 

Nous constatons que la municipalité a comme d’habitude conduit son projet sans consultation, mettant ainsi la population devant le fait accompli.

 

Mais alors, nous dira-t-on, qu’auriez-vous fait à sa place ?

 

Une salle des fêtes est nécessaire à Lamastre. Tout le monde est d’accord sur ce point. On a d’ailleurs beaucoup trop temporisé.

Nous sommes donc totalement d’accord sur le principe de sa construction mais nous ne sommes pas irresponsables.

 

Il y a quelques années, le domaine de la Chirouze était à vendre à un prix très accessible. En élargissant quelque peu la route d’accès côté Valence, on aurait pu y aménager une très belle salle des fêtes dans un cadre magnifique exempt de risque naturel.

Même dans leurs perspectives les plus sombres, les climatologues n’imaginent pas une montée des eaux à ce niveau.

 

Aujourd’hui à notre connaissance, le bâtiment n’est plus disponible mais d’autres lieux d’implantation étaient possibles et en notre qualité  de « lanceurs d’alerte », nous souhaitons que chacun prenne ses responsabilités présentes et futures et ne vienne pas dire en cas de malheur : « Je ne savais pas ».

 

Lire aussi Passerelle du Chambon

 

RAD

 

4 commentaires sur Salle des fêtes de Lamastre, et vogue la galère !

  1. A la lecture de votre article, je me pose une question: pourquoi les élus lors de la pose de la 1ère pierre portaient des casques verts pour déposer un moellon à hauteur de genoux ? Des chaussures de sécurité n’auraient-elles pas été plus utiles en cas de maladresse ou de rhumatisme…?
    Des bouées ou gilets de sauvetage auraient été bien plus adaptés et protecteurs pour leur parade pré electorale en zone inondable. Le fluo des gilets les auraient rendu bien plus éclatants pour le roman photo sur les réseaux sociaux.
    Mais leurs casques sont certainement insubmersibles, ça permet de surnager !
    Casque et masque n’évitent pas la bourrasque !!!

  2. Juste une petite info sur la classification des crues : millénaires, centennales, décennales, qui n’a pas de rapport direct, ni évidence, avec leur apparition dans le temps.
    Une millénaire n’apparait pas qu’une fois par mille ans , une centennale pas une tous les cents ans….ni inversement apparaitre obligatoirement.
    En fait, il s’agit c’est une évaluation statistique disant qu’une crue centennale a une chance sur cent 1/100, d’apparaitre à nouveau dans l’année, une décennale une chance sur dix…..
    Ce n’est pas plus rassurant ni facile pour autant dans les prévisions.
    Les crues de 1787, 1841 et 1857 approchant les 2000 m3/s. dépassent largement celle de 1963 qui est effectivement classée comme centennale.

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