Pénurie de masques : Pourquoi ?

 

C’est une crise dans la crise sanitaire : en dix ans, la France a réduit considérablement son stock de masques de protection. 

 

26 janvier 2020

Agnès Buzyn, qui est encore ministre de la santé, indique qu’il n’y aura pas de pénurie de masques en cas d’épidémie du virus Covid-19.

 

Pourtant, à peine plus d’un mois plus tard, le 4 mars 2020, le président de la République, annonce que l’État réquisitionne « tous les stocks et la production de masques de protection » pour les distribuer aux soignants et aux personnes atteintes du coronavirus. Le 13 mars 2020, le Premier ministre prend un décret de réquisition des stocks.

 

Le 17 mars 2020, le ministre de la santé, Olivier Véran indique qu’il reste 110 millions de masques dans les stocks de l’état », alors qu’il y en avait plus d’un milliard, dix ans plus tôt.

 

 

 

Le personnel médical découvre alors que la France ne dispose pas du stock nécessaire pour faire face à l’épidémie. 

 

 

 

 

« Pour nous, c’est un véritable scandale d’État », estime le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers, Thierry Amouroux. « C’est du même ordre que le scandale du sang contaminé. Des centaines de milliers de personnes vont être contaminées, d’autres vont mourir faute de cette impréparation du gouvernement et des mauvaises décisions qui ont été prises. Le principe de base c’est d’avoir en stock des masques FFP2. Ces masques, tout comme les masques chirurgicaux, auraient dû être commandés le plus tôt possible. Gouverner, c’est prévoir. Quand la crise sera finie, nous espérons que certains responsables qui ont été incapables d’organiser la défense sanitaire du pays auront à répondre de leurs actes devant la justice. ».

 

« C’est une faute professionnelle grave », indique Jean-Paul Hamon, le président de la Fédération des médecins de France. « Au début de la crise, le ministère nous a dit qu’ils étaient prêts, qu’il y avait des stocks d’État. Or, on a réalisé ces dernières semaines que c’était faux. Il n’est pas acceptable d’envoyer des soignants ‘au casse-pipe’ sans aucune protection ».

 

 

 

Face à cette situation, le système D s’organise et une course effrénée pour trouver des masques, avec appels aux dons,  se met en place.

 

 

 

 

« Nous sommes un million de professionnels de santé », ajoute Thierry Amouroux. « Nous avons besoin de deux millions de masques par jour. Depuis le 18 mars, nous avons une nouvelle livraison dans le secteur libéral. Mais les masques sont contingentés : un médecin ou une infirmière a droit à 18 masques par semaine, une sage-femme à six masques… On doit les faire durer au-delà du raisonnable. C’est incompréhensible dans la cinquième puissance mondiale d’en arriver à une telle situation. » 

En 2005 , selon Xavier Bertrand, alors ministre de la santé, la France était « l’un des pays qui possédait le plus de masques par habitant ».

 

A partir de 2007,  chaque année, le ministre de la santé devait inscrire dans le budget le nombre de masques à acheter pour augmenter ou renouveler les stocks.

 

En 2009 – 2010, la France est confrontée à l’épidémie de grippe H1N1, les stocks sont plus haut.

La ministre de la santé Roselyne Bachelot est accusée d’en faire trop dans la gestion de la crise, notamment en procédant à une commande massive de plus de 94 millions de doses de vaccins, un milliard de masques anti-projections, destinés aux malades, 900 millions de masques de protection, dits « FFP2″, pour les personnes particulièrement exposées et 33 millions de traitements antiviraux. » Que sont ils devenus ?

 

Par la suite, Les coupes budgétaires ont progressivement entrainé le désarmement de l’État sanitaire.

 

2011 : Des masques toujours en réserve 

En 2011, la Commission Spécialisée Maladies Transmissibles recommande de constituer « un stock tournant » de masques chirurgicaux et FFP2 et « une organisation pour l’utilisation de ces stocks en situation de crise qui permette de couvrir rapidement toutes les populations et personnels de soins concernés. »

 

En 2012, toujours selon Xavier Bertrand, il y avait 1,4 milliard de masques en stock.

En 2013 , Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, confie l’équipement et la gestion des masques à l’employeur. « Il revient à chaque employeur de déterminer l’opportunité de constituer des stocks de masques pour protéger son personnel ».

Une partie de la gestion des masques est donc désormais assurée, non plus par l’État mais par le système hospitalier. 

La logique était de dire : ne gérons pas des stocks inertes. L’idée est alors de s’appuyer sur les importations chinoises en cas de besoin.

 

À l’époque, l’actuel directeur général de la santé, Jérôme Salomon occupait le poste de conseiller chargé de la sécurité sanitaire !

 

En juillet 2015, un rapport sénatorial lance l’alerte à propos de la baisse significative de la quantité et de la valeur des stocks et s’insurge sur la décision de ne pas renouveler des stocks arrivant à péremption.

Rapport resté lettre morte …

 

Pour quelques millions d’euros de prétendues économies qui vont coûter des milliards de fois plus chères , on a fragilisé tout le système de santé.

 

 

 

Si aujourd’hui, la situation est aussi grave à l’hôpital c’est parce que se sont enchainés les plans d’économie. Année après année, on a supprimé des lits, des postes, des services d’urgence…

 

 

Depuis des années, nos gouvernants ont raisonné uniquement en termes budgétaires et non en termes de sécurité sanitaire.

 

Leur doctrine de papier propose des plans mais pas de moyens et la logistique ne suit pas.

 

 

RAD (sources presse nationale)

 

9 commentaires sur Pénurie de masques : Pourquoi ?

  1. Je me souviens, pour avoir travaillé dans un Conseil Départemental, que suite à la grippe H1N1, des masques ont été distribués en 2011 aux collectivités publiques en France. Aussi, si le stock dont tout le monde a parlé est dispatché dans tout le territoire et qu’un certain nombre de masques dorment dans un coin, il est grand temps de fouiller les greniers, placards, recoins de ces lieux pour les donner à ceux qui en manquent cruellement (soigants dans les hôpitaux, EHPAD, établissements pour personnes handicapées, médecine externe, aides à domicile…etc). Le mouvement de re-distribution a déjà commencé mais il doit se poursuivre VITE, même si les masques en question ne sont pas dit « chirurgicaux ».
    Une démarche qui pourrait venir soulager tous ceux qui sont « au front » et aussi un peu notre nouveau Ministre de la Santé, Olivier Veran, car sollicité et mis à mal de tous côtés quotidiennement.

  2. Pas de masques mais on manque pas de grenades lacrymogènes et LBD.
    Pour ça nos gouvernements et leur clique ont été prévoyants, les stocks sont bien pourvus !

  3. pour infos il y avait une usine de masques en Bretagne en 2005/2006
    usine fermée en 2018 pour délocalisation
    voir article du Télégramme de Brest du 6/10/2005
    et Ouest France du 18/05/2018
    bonne lecture

    • > Communiqué de presse du Bureau Départemental de Solidaires des Côtes d’Armor Saint Brieuc le 26 mars 2020.
      >
      > Que se cache-t-il derrière la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel ? Un scandale d’Etat !
      >
      > Fin 2018 le groupe multinational américain Honeywell fermait son site de production industriel de Plaintel pour le délocaliser en Tunisie licenciant en même temps 38 salarié(es). Cette entreprise, créée il y a une cinquantaine d’années et qui compta jusqu’à 300 salarié(es) avant son rachat en 2010 par Honeywell au groupe Spirian fabriquait des masques respiratoires jetables et des vêtements de protections sanitaires en quantité considérable.
      >
      > Sa production était de 200 millions de masques par an, soit près de 20 millions par mois, fabriqués sur des machines ultras-modernes pouvant produire chacune 4000 masques à l’heure.
      >
      > Non contente de faire appel aux aides de l’Etat pour financer les huit plans sociaux que la multinationale Honeywell a mis en œuvre pour se débarrasser de ses salariés, Honeywell a pris la décision irresponsable en novembre 2018 de détruire ses huit machines en les faisant concasser par la déchetterie située sur la zone industrielle des Châtelet à Ploufragan.
      >
      > Les sections syndicales Cgt et Cfdt de l’usine de Plaintel avaient à l’époque lancé un cri d’alarme pour empêcher la fermeture du site et la destruction de leur outil de production. Elles avaient multiplié les actions et les démarches pour éviter le pire.
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      > Elles s’étaient même adressées au Président de la République Emmanuel Macron et au Ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
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      > Mais ces derniers ce sont contentés d’accuser réception de leurs courriers mais se sont bien gardés d’intervenir.
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      > Ils pensaient qu’une intervention de l’Etat ne servirait à rien, puisque que dans un monde mondialisé, la main invisible du marché finirait par montrer son efficience pour préserver l’intérêt général.
      >
      > Aujourd’hui, le retour au réel est brutal et c’est avec stupeur que le pays tout entier découvre avec la catastrophe sanitaire du coronavirus qu’il ne possède pratiquement pas de stocks de masques pourtant indispensables pour protéger les personnels soignants, l’entourage des malades et tous les salarié(es) obligé(es) de travailler pour éviter que le pays tout entier ne s’écroule.
      >
      > Pour l’union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor, la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel et la destruction de ses outils de production, comme l’inaction des autorités publiques représentent un scandale qui doit être dénoncé.
      >
      > La chaine des responsabilités dans cette affaire doit aussi être mise en lumière.
      >
      > Les Dirigeants d’Honeywell et les autorités de l’Etat doivent aujourd’hui rendre des comptes au pays.
      >
      > D’ores et déjà Solidaires a demandé à plusieurs Parlementaires de la Région d’interpeller le Gouvernement sur ce scandale.
      >
      > Solidaires propose également que le site industriel de fabrication de masques de protection sanitaire de Plaintel soit récréé en urgence sous un statut d’Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) ou sous la forme d’une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOOP).
      >
      > Le personnel compétent et disponible existe et ne demande que cela. De l’argent il y en a. La Banque Centrale Européenne vient de débloquer 750 milliards de liquidités. Que cet argent soit mis en priorité au service de l’urgence sanitaire et de l’intérêt général, plutôt que de laisser aux seules banques privées le privilège de le prêter ou pas

      • Merci pour cet éclairage détaillé. Edifiant ! Pourtant le rôle des gouvernants n’est-il pas d’anticiper et de défendre les intérêts de leur pays ? Il y a déjà plusieurs années qu’on brade la France et ses savoir-faires dans différents domaines…au nom de quoi, je vous le demande ?

  4. très bon article, ce fameux groupe Honeywell n’est que le
    dernier nom du groupe Bacou Dalloz devenu Spérian Protection bien connu dans la région
    sous le nom de Bacou …
    tirez en les conclusions..
    11 ans déja!!!!!!!!!!!!!!!!

    merci pour ces dernières infos

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