Surpopulation de sangliers !

 

Autrefois rare dans nos campagnes, le sanglier est aujourd’hui considéré comme un nuisible. Sa populations s’est fortement développée à partir des années 1970.

 

Il y a cinquante ans encore, le sanglier était difficile à apercevoir, il représentait l’espèce sauvage par excellence, animal farouche et dangereux qui n’hésitait pas à attaquer leurs chiens, il fascinait les chasseurs.

Aujourd’hui, le sanglier semble omniprésent. On parle des dégâts qu’il occasionne. On voit fleurir des contentieux entre fédérations de chasseurs et zones protégées.

Le sanglier est devenu un animal qu’il faut réguler en intensifiant les battues. Plus personne ne semble s’intéresser à lui ni ne prend sa défense comme on peut le voir pour l’ours ou pour le loup.

 

Population

En France, on a décompté environ 800 000 individus abattus en 2021, contre 35 000  au début des années 1970 (20 fois plus). Sur cette base, la population de sangliers est estimé de nos jours à plus d’1 million d’individus.

Autrefois, le sanglier était surtout présent en forêt, aujourd’hui, on le retrouve dans tous les milieux : en bord de mer, en plaine, en montagne, en milieu urbain. Ce mammifère omnivore possède une très grande capacité d’adaptation.

 

Explosion des effectifs

 

Plusieurs facteurs expliquent cette explosion:

– La disparition de ses prédateurs comme le loup et le lynx dans la première moitié du XXe siècle.

– Le recul des espaces agricoles et l’augmentation de la surface forestière qui en résulte. Les forêts qui couvrent aujourd’hui 30% de la surface de l’Hexagone offrent refuges et ressources alimentaires aux sangliers.

– Le changement climatique avec des hivers plus doux entraîne moins de mortalité naturelle.

– À la fin des années 1960, la chasse était une véritable activité de loisirs et ne comptait pas moins de 2 millions de pratiquants. La modernisation de l’agriculture a entraîné la quasi-disparition du petit gibier, cible de prédilection des chasseurs. Leur activité était menacée, l’idée est alors apparue de développer les populations de grand gibier, tout particulièrement de sangliers.

 

L’élevage a permis de faire des lâchers d’individus dans des milieux où le sanglier n’était pas ou plus présent.

Pour augmenter leur capacité reproductive, on a encouragé l’hybridation de sangliers mâles avec des porcs domestiques femelles: La truie, la femelle du porc domestique, donne naissance de 8 à 10 petits, contre 4 à 6 seulement pour la laie…

 

 

 

 

Le nourrissage des animaux : de l’eau, du grain et des légumes abîmés ont été mis à leur disposition.

 

 

 

Une chasse dite « conservatrice » évitait de tuer les mâles reproducteurs et les laies dominantes.

 

À travers toutes ces pratiques, le sanglier est devenu non plus une espèce sauvage, mais une espèce-gibier transformée par la chasse et pour la chasse.

 

Situation hors de contrôle ?

 

Les agriculteurs ont perdu dans les années 1960 le droit d’affût qui les autorisait à tirer sur l’animal en cas de dégâts sur les cultures. Les chasseurs, dans chaque département, ont désormais la charge de la gestion des populations de sangliers et les fédérations de chasse doivent indemniser les victimes de dégâts.

Les dégâts agricoles sont de l’ordre de 35 millions d’euros par an. Les cultures les plus touchées sont les champs de maïs ou de céréales. Les sangliers retournent aussi la terre des prairies des éleveurs et celle des jardins en milieu périurbain. Près de 30 000 collisions routières avec un sanglier sont déclarées…

 

Un plan national de maîtrise du sanglier

 

 

Depuis 2009, le nourrissage des sangliers est théoriquement interdit, de même que l’élevage à des fins de lâchers dans la nature. Mais dans les faits, ces pratiques n’ont pas disparu et il y a encore beaucoup de tolérance dans certaines régions…

La période légale de chasse ne s’applique pas au sanglier. Des dérogations permettent de le traquer jusqu’à 10 mois sur 12 dans les départements les plus problématiques. C’en est fini également de la sélection du gibier abattu : désormais, on demande aux chasseurs de « réguler », c’est-à-dire de prélever un maximum d’animaux, vieux, jeunes, mâles, femelles… .

Des battues dites « administratives » sont organisées sur décision du préfet, jusque dans les réserves naturelles accusées d’offrir un refuge à l’espèce…

 

Quelle cohabitation peut-on imaginer avec les animaux sauvages et le reste du vivant ? Bon gré, mal gré, le sanglier est devenu un véritable « animal politique » qui s’invite dans toutes les discussions.

 

 

RAD – sources »Sangliers, géographhies d’un animal politique »

 

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