Personnalités locales méconnues: Jean Norton Cru natif de Labatie d’Andaure

 

 

 

           Jean Norton Cru

                Historien

 

Contemporain d’André Ferdinand Hérold et Charles Seignobos, il nait à « Gamon », à Labatie d’Andaure, le 9 septembre 1879.

Il est le fils d’un pasteur protestant d’origine paysanne de la Drôme et d’une anglaise issue d’une famille bourgeoise.

 

 

 

 

De 1883 à 1890, il vit en Nouvelle-Calédonie, dans une ile où son père est missionnaire. Il ne va pas à l’école, son éducation est prise en charge par ses parents.

De retour en France il suit des études secondaires aul ycée de Tournon puis devient enseignant. Il exerce à Loriol puis Aubenas et ensuite aux Etas Unis dont il ne reviendra qu’en 1945.

Marié en 1908, il a un fils né en 1911.

 

L’influence familiale a fait de lui un protestant libéral et sa vocation de pédagogue l’a rendu soucieux de transmettre du concret, détestant le mensonge et les phrases creuses.

Mobilisé pour la Première Guerre mondiale, il participe à la bataille de Verdun.

 

 

 

Il écrit « Témoins » qui parait en 1930.

Le livre suscite de vives réactions car il décrit l’histoire vue d’en bas.

Il est le premier historien à promouvoir les témoignages. Précédemment, les ouvrages des généraux et des politiciens avaient été les plus influents. Il n’y avait eu que quelques publications de carnets et de lettres, mais ces écrits n’intéressaient pas.

Il développe l’idée que le soldat, qui vit jour après jour dans les tranchées, a conscience de ce qui se passe autour de lui et de ses conséquences.

Il se met ainsi à dos les historiens traditionnels.

 

             

 

 

                     

Ses livres tombent dans l’oubli. Ce n’est qu’en 1967 qu’un autre de ses ouvrages « Du témoignage », est réédité, puis « Témoins » en 1993 et 2006, qui a de nouveau suscité de nouveaux débats passionnés chez les historiens.

 

Dans Témoins, Jean Norton Cru décrit les conditions de vie très dures des soldats: les pieds gelés, la faim, la mort, les cadavres qu’on ne peut aller chercher.

 

 

Il décrit les attaques allemandes au lance-flammes, la riposte  des Français.

Il écrit que sauf ponctuellement, il n’y a pas de haine pour les combattants ennemis. « L’immense majorité des combattants ne sait pas s’il a tué ou blessé quelqu’un : ils ont lancé devant eux, en plein inconnu, un obus, une balle ou une grenade ».

 

 

 

« Alors que le danger que l’on court soi-même est tellement grand, que l’on n’éprouve aucun goût pour l’opération, aucun attrait, aucun plaisir excepté celui d’avoir échappé à ce supplément de danger de se faire clouer par l’autre ».

« Nos combattants sont surtout de braves paysans, avec quelques ouvriers, quelques étudiants et après la guerre, je garantis, j’affirme devant Dieu que ces soldats n’auront pas acquis le goût du meurtre, ni des habitudes d’apaches. »

« Quiconque n’a jamais vu ce que je vois ne s’en fera jamais une idée. »

 

 

Il s’insurge contre les médailles délivrées aux soldats qu’il appelle « trophées de guerre ».   « J’ai la phobie des souvenirs de guerre dont on est si friand. […] Que ceux qui veulent des souvenirs viennent donc en ramasser où il y en a. »

 

 

 

Il condamne le bourrage de crâne et la censure à travers les photos de guerre « vues de la  ligne de feu mais prises à 200 km en arrière dans les tranchées d’instruction » ou « faites en temps de paix aux grandes manœuvres ».

« Justice ! Equité ! Mots creux, appât pour les pauvres diables que l’on envoie se faire crever la peau afin que les riches protègent leurs capitaux et gagnent les mines de l’Alsace. »

Jean Norton Cru n’a pas voulu écrire son témoignage personnel sur la guerre, mais, interpellé par les mensonges proliférant dans la presse et dans beaucoup de livres, il a pensé que, parmi les millions de combattants, on trouverait des « esprits justes, épris de vérité simple ».

 

Il meurt à Bransles (Seine-et-Marne) d’une hémorragie cérébrale à 69 ans, le 21 juin 1949.

 

 

 

 

Plus récemment a été publiée une de ses correspondances de guerre Lettres du front et d’Amérique, 1914-1919 longtemps conservée dans les tiroirs et adressée principalement à sa mère et à ses deux sœurs : 243 pièces échelonnées du 28 août 1914 au 25 avril 1919 y figurent.

A sa seule sœur Alice il a écrit sa « peur ».

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2014, la commémoration du centenaire de la première guerre mondiale n’a pas fait grand cas de l’homme et de son œuvre.

Quasiment inconnu dans la région, une salle communale porte néanmoins son nom à Labatie d’Andaure où il est né.

 

RAD

 

 

2 commentaires sur Personnalités locales méconnues: Jean Norton Cru natif de Labatie d’Andaure

  1. Je suis d’accord avec lui et je n’ai jamais pensé que les poilus soient des héros mais des pauvres gars à qui on a donné le choix entre le poteau d’exécution pour désertion et l’espoir de passer entre deux obus. Mon grand père maternel n’a pas connu et vu tous ses enfants.

    • Et on voit bien que ce monde n’a pas changé : toujours le même bourrage de crane et désinformation

      « Justice ! Equité » sont toujours des « Mots creux »

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