Musées fermés – « compagnon visiteur »

 

Après camarade spectateur I et II et en attendant de se revoir, voici:

 

« Compagnon visiteur

 

Tu as été sensible aux doléances de nos frangins d’infortune, et il t’en reste un regard à musée ? Alors c’est le moment de te pencher sur notre statue !

 

Nous tous, lieux culturels qui abritons les œuvres d’art du monde entier, sommes tout autant crucifiés. Et on en a marre Delacroix !

 

Au début, il faut reconnaître que ça nous a fait des vacances. On s’est même réjouis que les gardiens, privés de but, nous foot la paix.

 

Quand on a compris que ça allait durer, on a pris peur. La Joconde ne pouvait plus épater la galerie, la Vénus de Milo répétait : « les bras m’en tombent », la Victoire de Samothrace se sentait défaite, les convives des Noces de Cana flippaient d’être verbalisés pour non-respect de la distanciation sociale. On était tous médusés, abandonnés sur un radeau dont personne ne se souciait.

 

Bref, on ne te dit pas les Degas que ça a faits, tu vois le tableau ! On avait tous le moral au plus bas-relief.

 

On a délégué un mec « intelligent » du musée Rodin pour parlementer avec Roselyne. Penses-tu ! Elle a fait papillonner ses fossiles, lui a juré que l’État prendrait tout à ses fresques, que rien n’était gravé dans le marbre, mais c’était comme si elle l’avait envoyé couler un bronze. Son intervention n’a pas eu plus d’effet que de pisser dans le violon d’Ingres.

 

Aujourd’hui, les araignées ont recouvert nos pensionnaires de leurs toiles, certaines œuvres, mangées par la poussière, ne sont plus que des croûtes. Sans conservateur, la situation est en train de pourrir. Les trompettes de Jéricho sonnent le glas plutôt que la renommée et nous broyons du Renoir.

 

Compagnon visiteur, nous qui n’existons que par ton regard, nous en avons assez de faire tapisserie ! Nous te conjurons de t’insurger contre l’invisibilité dont les huiles non essentielles de ce pays nous affligent. Afin que n’arrive pas le jour funeste où chacun sera persuadé que le nom de Vinci n’est que celui d’une autoroute » !

 

Dominique et Hassan

Hassan est humoriste, il écrit et met en scène des textes qui lui ressemblent et qui dévoilent les côtés dérangeant de la société française. Une écriture à l’humour à la fois engagé et intelligent.

Chaque année, il organise les Rencontres de l’Humour de Saint Marcel les Valence

Pour en savoir plus sur Hassan, cliquez ICI

 

Dominique Perrin est comédienne, elle fait partie de la compagnie les MotsCoeur de Guilherand-Granges.

 

Dominique Perrin et Hassan écrivent ensemble, depuis plusieurs années, des pièces de théâtre et one man shows dans lesquels humour et jeux de mots ont la part belle.

 

RAD

 

 

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