En attendant de se revoir… Episode II

 

Après Camarade-spectateur…, voici Citoyen spectateur.

 

« Nous avons pris connaissance avec intérêt du Manifeste des fauteuils.

Face à cette complainte de nos coussins (rous)péteurs, la noble famille De La Régie, se devait de réagir.

 

Loin de nous l’idée de les traiter de poufs, mais force est de constater que nous sommes d’une essence plus aristocratique, que nous avons plus de hauteur et que notre rôle est plus crucial.

 

Honnêtement, les fauteuils, la jeunesse s’assoit dessus.

Le public de la fosse est sceptique quant à leur utilité. Il préfère se tenir debout, fier et fringant, plutôt que de se retrouver rassis, parmi les vieux croutons.

En revanche, on ne saurait se passer de nos services. Sans lumière, même les stars resteraient dans l’ombre.

Sans son, même Dalida n’aurait eu qu’une voix sans issue.

 

Sache-le, citoyen spectateur, les fauteuils ne sont pas les seuls à manquer de ressort, chez nous aussi, il y a comme un coup de mou.

Les consoles sont inconsolables, les projecteurs appellent à LED, les gélatines sont sur le flan.

Déjà qu’en temps normal, nous sommes transparents, aujourd’hui on nous fait mordre la poussière.

Au bout d’un an sans spectacle, les enceintes et les micros s’enfilent pour finalement accoucher d’une souris.

Les faces sont contre, les contres s’effacent. Il y a des paires de baffles qui se perdent !

 

Nous, la grande famille De La Régie, en avons ras la mandarine. Tout le monde s’en balance. Nous sommes sur le point de disjoncter, nous envisageons d’engager des poursuites.

 

Citoyen spectateur, toi qui as profité de nos sons et lumières, avant qu’on nous coupe la tête, c’est ton tour de faire du bruit et de porter notre flambeau pour rallumer les feux de la rampe. »

 

Dominique et Hassan – publié avec leur autorisation

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Hassan est humoriste, il écrit et met en scène des textes qui lui ressemblent et qui dévoilent les côtés dérangeant de la société française. Une écriture à l’humour à la fois engagé et intelligent.

Chaque année, il organise les Rencontres de l’Humour de Saint Marcel les Valence

Pour en savoir plus sur Hassan, cliquez ICI

 

Dominique Perrin est comédienne, elle fait partie de la compagnie les MotsCoeur de Guilherand-Granges.

Voir leur page facebook

 

Dominique Perrin et Hassan écrivent ensemble, depuis plusieurs années, des pièces de théâtre et one man shows dans lesquels humour et jeux de mots ont la part belle.

 

Contact http://volubilisplus.fr/

 

RAD

 

2 commentaires sur En attendant de se revoir… Episode II

  1. Au cours de la révolution de 1848 qui a débuté à cause d’un banquet interdit par le Préfet de police de Paris (c’est encore au goût du jour…), Victor Hugo demande la réouverture des théâtres fermés depuis trop longtemps, un représentant de Paris l’accuse de vouloir «faire du bruit» Non il ne s’appelait pas Bachelot !
    Victor Hugo rétorque :
    « Ce que je veux, ce n’est pas du bruit, comme vous dites, c’est du pain ! Du pain pour les artistes, du pain pour les ouvriers, du pain pour les vingt mille familles que les théâtres alimentent !
    Ce que je veux, c’est le commerce, c’est l’industrie, c’est le travail, vivifiés par ces ruisseaux de sève qui jaillissent des théâtres de Paris ! C’est la paix publique, c’est la sérénité publique,… c’est l’éclat des lettres et des arts, c’est la venue des étrangers, c’est la circulation de l’argent, c’est tout ce que répandent d’activité, de joie, de santé, de richesse, de civilisation, de prospérité, les théâtres de Paris ouverts.
    Ce que je ne veux pas, c’est le deuil, c’est la détresse, c’est l’agitation, c’est l’idée de révolution et d’épouvante que contiennent ces mots lugubres : les théâtres de Paris sont fermés !
    Je l’ai dit à une autre époque et dans une occasion pareille, et permettez-moi de le redire : les théâtres fermés, c’est le drapeau noir déployé.
    Eh bien, je voudrais que vous, vous les représentants de Paris, vous vinssiez dire à cette portion de la majorité qui vous inquiète : osez déployer ce drapeau noir ! Osez abandonner les théâtres ! Mais, sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres fait fermer les boutiques ! Sachez-le bien, qui laisse fermer les théâtres de Paris, fait une chose que nos plus redoutables années n’ont pas faites ! Qui ferme les théâtres éteint le feu qui éclaire, pour ne plus laisser resplendir que le feu qui incendie ! Osez prendre cette responsabilité ! »

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