Balades en ville (la télévision à Lamastre) : un article qu’on aurait pu lire dans RAD dans les années cinquante

 

Madame et monsieur Picot nous prient de bien vouloir informer nos lecteurs que leur magasin sera fermé toute la semaine prochaine pour cause de congés.

Cette information intéressera particulièrement ceux d’entre vous qui avaient prévu une séance télé ces prochains jours. Nul doute que cette diète forcée leur fera encore davantage apprécier le privilège dont les gratifient si généreusement madame et monsieur Picot à qui nous souhaitons de profiter au mieux de cette semaine de repos bien mérité.

 

 

 

Dans les années cinquante, à Lamastre comme ailleurs, arrivèrent les premiers postes de télévision mais ce fut dans peu de maisons.

Deux obstacles majeurs en empêchaient la prolifération : le prix à payer et l’impossibilité de réception des ondes hertziennes sur la majeure partie du village.

 

 

 

 

En désespoir de cause, beaucoup de lamastrois prirent l’habitude de fréquenter la devanture du magasin Picot, rue Chalamet.

 

Ce magasin devint le lieu de rendez-vous obligé de tous les téléphiles frustrés.

Un poste TV y était allumé une petite heure chaque soir de semaine, un peu plus longtemps le dimanche après-midi à l’attention de la population, dans l’espoir sans doute de séduire des clients potentiels.

Le trottoir devant la vitrine était étroit, il pouvait recevoir au maximum une petite dizaine de téléspectateurs, les voitures rasaient les fesses de ceux du dernier rang.

 

 

On n’avait pas le son, l’image en noir et blanc était souvent de très mauvaise qualité, on était debout, serrés, toujours trop nombreux, toujours soucieux que chacun puisse en profiter mais bien décidé à ne pas laisser sa part.

Chaque fois le groupe se renouvelait et devait se réinventer des règles d’auto discipline, ce n’était pas toujours simple.

 

 

 

C’est là, sur cet espace réduit, sur ce petit bout de trottoir que quelques jeunes reçurent leurs premières leçons de civisme. Ils y apprirent les rudiments du vivre ensemble, ils s’y exercèrent à la tolérance (pas toujours facile de laisser plus petits passer devant, de laisser un peu la place aux autres, d’être patient en attendant qu’on vous en fasse une, de partager l’espace…).

Ils y apprirent à jouer des coudes (poliment si possible) pour se faire respecter.

 

Une véritable école de la rue où la télévision fournissait un surcroit de motivation.

 

Lire aussi:

Balades en ville (acte 1)

Balades en-ville (acte 2)

 

RAD

 

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