Peur sur la ville (acte I) …un article qu’on aurait pu lire dans RAD dans les années cinquante

 

Vent de panique, ce dimanche : tous aux abris, ça recommence ! Le traumatisme dû aux bombardements sur Lamastre est encore bien vivace dans les mémoires et ce bruit de moteur dans le ciel n’annonçait vraiment rien de bon.

 

Quand l’avion se mit à se rapprocher puis à tournoyer au-dessus de la ville, l’angoisse ne fit que grandir.

Quelle était la raison de cette irruption soudaine ? Les hostilités auraient-elles repris sans que le poste n’en ait rien dit ?

Pas le moment de réfléchir. Pas le temps d’en savoir plus. On en vit courir se réfugier qui dans les caves par réflexe de survie, qui dans le café le plus proche par instinct grégaire.

Bombardement, espionnage, parachutage ?

 

 

Non, rien de tout ça mais, tout simplement Monsieur Loubet, commerçant en vêtements place Seignobos, un fana de vols en coucou qui, parti de son aéroclub de Valence était venu faire un petit tour au-dessus de chez lui. Une petite randonnée aérienne en quelque sorte.

 

 

Le coup de la surprise passé, les lamastrois s’habituèrent à ces visites du dimanche après-midi. La panique laissa la place à l’amusement, et c’est donc tout naturellement qu’aux premiers bruits de moteur les « Tous aux abris ! » furent remplacés par des : « Tiens, voilà le père Loubet qui arrive !».

 

Pour la grande majorité des gens qui n’osaient même pas rêver de posséder un jour une automobile, encore moins de quitter le plancher des vaches, Monsieur Loubet faisait figure d’extraterrestre devant lequel on badait pas mal.  Un sacré fortiche qui pouvait quasiment côtoyer les étoiles et qui nous en mettait plein les yeux, des étoiles.

 

Autres temps, autres mœurs, autres sensibilités : aujourd’hui quand les lamastrois entendent zonzonner au-dessus de leurs têtes, c’est que l’hélicoptère du Samu vient proposer ses services pour des vols vers Valence ou Saint-Etienne, des balades aériennes certes bien organisées mais qui ne font pas très envie pour autant.

 

RAD

 

2 commentaires sur Peur sur la ville (acte I) …un article qu’on aurait pu lire dans RAD dans les années cinquante

  1. Voilà une histoire qui fait chaud au coeur ! Oui, je me souviens de Monsieur Loubet. En vacances autour de Mercurey en Saône et Loire, il avait la même habitude de venir tourner au dessus de nos têtes, après avoir fait décoller un Jodel de l’aérodrome de Beaune.
    Il m’a fait faire mon baptême de l’air en 1967 !
    Il était aussi doué en pilotage d’avion qu’en conduite d’autos. Merci pour ce plongeon dans mon enfance, avec mes amis Loubet que je n’oublierai jamais.

Répondre
Prenez connaissance de la charte de modération des commentaires avant de poster un commentaire.

Votre adresse mail ne sera pas publiée


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.