Les Abattoirs de Lamastre

 

Dans Doux propos n°1, page 7, nous avons rappelé que la municipalité de Lamastre envisageait en 2011 d’aménager des logements dans l’immeuble des abattoirs au quartier du Pont. Aux dernières nouvelles, Il semblerait que ce ne soit pas le cas.

 

Sans remonter au tout début de l’activité d’abattage, un petit historique s’impose.

 

L’abattoir, qui fonctionnait depuis les années 30, a été entièrement restructuré dans les années 1987 et 1988 par le Docteur Maurice POYET, alors maire de Lamastre.

 

abattoirs

Le cabinet d’architecture Beckensteiner ést chargé de la maîtrise d’œuvre et de la coordination des différents corps de métiers qui interviennent : citons parmi les entrepreneurs locaux, l’entreprise SINZ pour la maçonnerie, Henri CHALENDAR pour la charpente métallique, la serrurerie et les clôtures, Roger CROUZET pour l’électricité, André FOUARD pour la plomberie, Raymond LAPALUS pour la platerie, Fernand CATALON pour les menuiseries

 

Au total, selon nos sources, les travaux se seraient élevés à plus de 3,5 millions de centimes (en francs) ou 533 000 euros.

L’opération répondait à un objectif double :

 

– Mettre l’établissement en conformité avec les normes d’abattage européennes et les impératifs en matière d’hygiène et de traitement des animaux, faute de quoi il aurait fermé.

– Valoriser les productions locales de viande et leur trouver un débouché sur place.

 

La gestion est d’abord confiée à la Sarl des Abattoirs de la région de Lamastre (A.R.L.). Suite à la défection de son principal client, la société LE MASTRA SALAISONS qui représente 70 à 80 % du tonnage, la société ARL dépose le bilan en 1989 et sa liquidation est prononcée le 23 juin 1989.

 

La municipalité décide ce jour même de reprendre l’exploitation et le personnel. Jean Paul VALLON est  alors adjoint aux finances.

 

L’abattoir devient donc une régie municipale.

 

Malheureusement, les recettes qui ne sont plus au rendez-vous depuis la défection du MASTRA ne couvrent pas le remboursement de l’emprunt contracté pour les travaux de remise aux normes de 1987-1988. Le déficit est chronique. D’autres travaux de modernisation s’avèrent nécessaires.

 

Le 7 mai 1997, la municipalité de Lamastre décide de fermer l’abattoir. Jean Paul VALLON est devenu maire. On se souviendra qu’à cette occasion, les éleveurs mécontents de cette décision intempestive ont organisé une manifestation « odorante » devant la mairie.

logo-adiv

 

Sous l’impulsion de Marc BARD, alors président du Sivom du canton de Lamastre, de Roger ROSTAING, maire de Saint BASILE, après de nombreuses réunions de concertation avec l’ADIV (Association pour le Développement de l’Industrie de la Viande), et le Conseil Général, il est convenu de rouvrir aussitôt en adoptant le montage suivant :

 

– la commune de Lamastre vend au SDEA (Syndicat Départemental d’Équipement de l’Ardèche, dont le président est le Docteur Henri-Jean ARNAUD, la partie du bâtiment dédiée à l’abattage et lui transfert  la charge de l’emprunt et celle des travaux de modernisation.

– Le SDEA met le bâtiment à disposition du Sivom de Lamastre pour une durée de 2 ans, prolongée ensuite jusqu’en 2011. La charge des travaux de toute nature destinés à sa conservation revient donc à ce dernier.

– le SIVOM de Lamastre se charge de trouver un nouveau candidat à la gestion de l’abattoir et de son personnel. Il fixera les tarifs de l’abattage et la taxe d’usage lui sera reversée par le nouveau gestionnaire.

 

Le 30 décembre 1997, ce candidat est trouvé : c’est la Société d’Exploitation de l’Abattoir de la Région de Lamastre qui réunit des bouchers et des éleveurs locaux. Une première convention d’affermage ést signée avec ladite société par Marc BARD le 23/12/1997.

 

On remarquera que, à ce stade, la gestion de l’abattoir ne concerne plus la commune de Lamastre et que le SDEA a repris à sa charge les travaux de modernisation du bâtiment. Ne restent donc à la charge du SIVOM de Lamastre que les travaux futurs, s’ils s’avèrent nécessaires.

 

carte-sivom

 

 

En 1999, Jean Paul VALLON devient président du SIVOM de Lamastre, en lieu et place de Marc BARD.

 

 

 

 

 

 

 

En 2003 le SDEA assure la maitrise d’œuvre pour la réalisation d’un atelier de découpe.

Les entreprises retenues étaient : Chazot Christophe en maçonnerie, Froid Technique, frigoriste, Roger CROUZET, électricité et Hébert COMBOROURE, plomberie. En 2006, de nouveaux travaux sont prévus ; Total des dépenses : plus de 110000 euros.

 

Le nouveau gérant de l’abattoir ne peut pas assurer la continuité du service. Il est mis en liquidation judiciaire le 31 octobre 2007.

Jean Paul VALLON ferme l’abattoir.

 

En 2009 – 2010, l’association « Des producteurs aux consommateurs en pays du Doux » propose alors d’ouvrir un atelier de découpe.

 

L’idée est de mettre en place un circuit de distribution court pour conditionner les productions de viande locales et les vendre en direct aux consommateurs locaux, cantines scolaires et hôpital en tête. Les locaux et le matériel sont disponibles. Un atelier de découpe de cette taille aurait pu générer au minimum 5 emplois et aurait permis d’écouler à des prix concurrentiels des produits prêts à être consommés.

 

En vain. Au bout de nombreuses réunions, tractations, Jean Paul VALLON n’a jamais voulu donner suite à cette idée qui pourtant ne coûtait rien aux Lamastrois puisque même l’emprunt aurait été pris en charge par cette association.

 

De plus, depuis l’arrêt de l’activité, tout le matériel professionnel stocké dans les locaux a été perdu, du fait de l’absence d’entretien. Ce sont des dizaines de milliers d’euros qui sont ainsi gaspillés.

 

En 2010, la municipalité de Lamastre rachète les murs au SDEA pour 110 000 euros. Dans la délibération 2010-001 du 01/02/2010, il est précisé « en vue d’une réhabilitation et réaffectation qui ne pourront pas être en rapport avec les sollicitations de l’association « Des producteurs aux consommateurs en pays du Doux ».

 

Et c’est alors qu’on apprend par la voie officielle de la mairie qu’une enquête publique va être organisée pour modifier le POS au quartier du Pont, afin, entre autres, de pouvoir aménager des logements dans le bâtiment des abattoirs.

 

Bonne nouvelle car il y a pénurie de logements neufs à Lamastre.

Trop bonne nouvelle pour être vraie !!!

Notre article, déjà mentionné, dans « Doux Propos n°1 a fait réagir l’association SILICE. Elle nous  fait parvenir une lettre (voir ci-après) écrite le 27/11/2013, rédigée par Jean Paul VALLON et adressée à la SAS ROFFAT qui est donc bien mieux informée que la population locale…

lettre-abattoirs

 

Selon les dires de l’association SILICE, ce courrier fait suite à une inquiétude formulée par le public au cours de la réunion du 13 novembre 2013 au centre culturel de Lamastre : le bruit de la carrière, située à 200 mètres, serait t’il supportable pour les futurs locataires ?

 

Dans cette correspondance, il est clairement indiqué « …c’est la raison pour laquelle, il est envisagé de détruire tout ce bâtiment et en conséquence, aucun programme immobilier n’est prévu… »

Raser le bâtiment alors que l’enquête publique organisée à l’automne 2010 devait permettre de modifier le POS pour y construire des logements !!!

 

Résumons ce dernier épisode de la « saga » des abattoirs de Lamastre :

 

Après avoir racheté 110 000 euros en 2010 une coquille vide pour une destination alors inconnue,

– après avoir refusé une opportunité de reprise qui avait le double mérite de ne rien coûter au contribuable et aurait permis de créer des emplois ( !),

– après avoir annoncé  qu’il allait y construire des logements (ce qui veut dire que le bâtiment n’était donc pas insalubre), et que c’était en partie l’objectif de la future enquête publique de 2011,

le président de la communauté de communes et maire de Lamastre a tout bonnement prévu de raser le bâtiment car il a décidé en 2013, moins de 3 ans après son rachat au SDEA, qu’il était en trop mauvais état !

 

110 000 euros  ainsi dépensés !!!

Et que dire du coût de la démolition ?

D’un point de vue sanitaire, le Préfet aurait-il accordé l’ouverture de la carrière si l’activité aux abattoirs avait été maintenue ou si ces logements avaient été construits ?

 

Le lecteur mieux informé en déduira ce qu’il convient.

 

RAD

 

7 commentaires sur Les Abattoirs de Lamastre

  1. Et bien , on en apprend des choses sur ce nouveau site. Croyez vous que certaines personnes auraient massacré le monde agricole pour le confort financier de certains autres?
    Il semblerait pourtant que la consommation de viande locale dans notre hôpital et dans nos cantines scolaire aurait du primer sur le projet d’ouverture d’une carrière privée . On ne donnera pas des cailloux à manger à nos enfants, et pourtant c’est TOUT que ce qu’il nous reste.

  2. Très bonne analyse et il est bien de rappeler l’historique.
    Encore un sujet qui démontre qu’à Lamastre, rien ne se déroule normalement.
    Finalement Lamastre met des bâtons dans les roues des initiatives locales en terme d’emplois aujourd’hui comme hier.
    Les Lamastrois se feront un avis, sur comment leurs élus ruinent leur village, pour ne pas parler d’arrangement entre amis.

  3. Etant élu de lamastre, le seul élu paysan (et encore un de trop au dire de certains) pourtant quand je vois à quel point les élus de la majorité considèrent le secteur agricole, je pourrais vous en citer des exemples… comme celui du parasite du châtaignier ,le Cynips que tout le monde connait. Il y a eu un appel à contribution pour mettre en place un moyen de lutte naturel avec un auxiliaire (le torymus) je suis intervenu en conseil municipal de Lamastre pour demander que la commune apporte une aide, je ne détaillerai par la réponse de M.le Maire, simplement ce fut un refus catégorique.Puis quelques temps plus tard (le fait que certaines communes du canton aient subventionné l’action n’y est pas pour rien) j’apprends que la commune de Lamastre a apporté sa participation dans la lutte « Cynips »
    Pourtant, soit disant, sur le plan légal,nous ne pouvions pas aider…, puis finalement vous voyez: une solution est sortie du chapeau du » grand chef »: juste pour montrer par ce petit exemple la considération que la majorité Municipale a pour l’agriculture surtout quand nous savons que ce problème dépasse bien le monde agricole, c’est de la sauvegarde de notre patrimoine (je parle de notre arbre emblématique,le châtaignier).
    Bref pourtant nous sommes une COMMUNE RURALE ou logiquement le secteur Agricole est essentiel,et je me dis comment ces élus considèrent- ils les autres secteurs!!!!

  4. Surtout, il est bon aussi de rappeler que faute d’abattoir, ce local aurait pu servir aux producteurs pour conditionner des petits fruits ou des légumes en se servant des chambres froides et du matériel…

  5. Oui mais voilà à Lamastre on fait un pas en avant, deux pas en arrière, finalement ils font ce qu’ils veulent et Lamastre meurt petit à petit de son inertie, dans une dizaine d’années il ne restera que des « vieux » pour les réélire. En tout cas, avec vos articles, on arrive mieux à cerner cette politique et à se faire une opinion. Merci

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