Ils ont donné leur nom à un quartier de Lamastre – Victor Reyne

 

Le nom de ce quartier de Lamastre vient de Mr Victor Reyne qui installe dans cette entrée du bourg une activité industrielle autour du fil de soie.

 

 

 

 

Victor Reyne naît à Silhac le 20 janvier 1840 .

Il sera adjoint au maire de Lamastre et conseiller municipal pendant dix ans. Il reçoit le titre de chevalier du mérite agricole.

Il édifie dans ce quartier une filature et un moulinage.

 

 

 

 

 

 

 

Son fils également prénommé Victor (né le 16 octobre 1866) continuera l’activité. Celui-ci sera aussi adjoint au maire de Lamastre et recevra le titre d’officier d’académie.

 

 

 

 

 

 

Son fils Louis lui succède (et reprend aussi un moulinage à St-Sauveur).

 

Les activités prendront fin, pour les filatures en 1936, et pour le moulinage, en 1950.

 

Histoire :

 

  • 1670 : un certain Vergne exploite un tissage et des moulins à soie dans ce quartier.
  • 1874 : Victor Reyne (père) achète un moulinage en faillite à Odon (au-dessus de la route). Il achète aussi à Boissy d’Anglas les droits d’eau du moulin de Retourtour (disparu lors de la crue du Doux en 1875). Il fait construire un moulinage et un moulin à farine. Il y ajoutera une filature en 1885.
  • Une scierie s’établira dans le prolongement en utilisant l’eau de la béalière (scierie Lallier, qui emploiera 20 à 25 ouvriers ébénistes et 20 à 25 scieurs). Elle arrêtera son activité en 1975.

 

L’industrie du faubourg Reyne :

 

En France, l’industrie de la soie est à son apogée. Les soieries (de Lyon principalement) sont en demande de matière première (le fil de soie) pour leur tissage.

L’Ardèche est un réservoir de main d’oeuvre ; le climat se prête à l’élevage du ver à soie, la géographie hydraulique permet l’utilisation de la force de l’eau.

De nombreux moulinages et filatures s’installent dans toute l’Ardèche. C’est dans ce contexte que Victor Reyne entreprend ces activités.

 

L’activité :

 

L’activité industrielle de la soie commence bien avant l’usine.

Le fil de soie est le fil que sécrète une chenille de papillon : le magnan. Cette chenille sera donc élevée, la plupart du temps par des paysans qui ajouteront cette activité rémunératrice à leur travail agricole.

L’éleveur de vers à soie aménage une ou plusieurs salles (magnanerie) pour élever les magnans. Les vers sont nourris avec des feuilles de mûrier (mûrier blanc ou mûrier noir) ; on peut voir aujourd’hui certains de ces arbres le long des prés ou des chemins reconnaissables à la forme particulière que la taille leur a donnée.

La plupart du temps, c’est le moulinier qui fournit les œufs (les « graines ») aux éleveurs.

 

Lorsque le temps, pour la chenille, est venu de se transformer en papillon elle passe par l’étape de la chrysalide : elle s’enferme dans un cocon formé par un fil qu’elle sécrète (fil qui peut atteindre un kilomètre de long) et qui donnera le fameux fil si recherché.

C’est à ce moment que l’éleveur apporte ses cocons à la filature.

 

A l’usine :

 

(Les établissements Reyne en 1925)

 

Les cocons arrivent sur un entrelacs de rameaux sur lesquels les chenilles se sont développées ; il faut donc les décrocher : c’est le décoconnage.

Le ver est ensuite tué dans son cocon dans un étouffoir (à 80-85°). Les cocons sont ensuite trempés dans une eau chaude dans le but de décoller le fil pour le dérouler. Le charbon sert de combustible pour ces opérations. La vapeur et la fumée sont évacuées par ces remarquables hautes cheminées en briques rouges que l’on voit souvent dans la région. On voit l’importance de l’eau, laquelle est aussi utilisée pour faire tourner les machines servant aux opérations qui vont suivre. Nous sommes, pour cette étape de dévidage du fil, à la filature. Ce fil est alors enroulé sur des tavelles. On a, à ce stade, un fil « brut ».

L’opération se continue au moulinage. Le fil passe sur des roquets (bobines) où il sera à nouveau dévidé pour être doublé (ou triplé).

Le fil sera ensuite tordu pour être plus résistant.

 

Toutes ces opérations se font avec d’ingénieuses et impressionnantes machines.

 

Détails de quelques machines:

Le fil est alors prêt à être vendu. La suite de l’histoire se passe dans les tissages (à Lyon, St-Etienne…).

 

En 1886 les établissements Reyne emploient 70 ouvrières et produisent 4 à 5 tonnes de soie pour un traitement de 50 à 60 tonnes de cocons.

 

Démarrés en 1874,  les établissements Reyne seront transformés et agrandis en 1912 puis 1921. L’électricité prendra le relais de la force hydraulique.

En 1925 une centaine d’ouvrières sont employées. Les soies Reyne sont très prisées sur le marché de Lyon.

 

Aspect actuel du faubourg Reyne :

(L’ancien moulin à farine)

En entrant dans Lamastre (venant de Desaignes), le quartier est sur la gauche.

On trouve tout d’abord un grand bâtiment inoccupé contre lequel s’appuient des appentis surmontés de la fameuse haute cheminée.

Ce grand bâtiment abritait, sur les deux niveaux supérieurs, les logements des ouvrières et, au sous-sol, un moulinage.

(Moulinage à gauche – filature à droite)

En contre-bas, une filature non visible de la route.

Suit un appartement qui est une ancienne filature ; puis une série d’appartements aménagés dans l’ancien moulin à grain.

Une imposante maison cossue lui succède : la maison de Victor Reyne.

En-dessous, en allant vers la rivière, les vestiges d’une ferme.

 

  

(Entrée de la cour des logements et l’ancienne béalière qui a aussi servi à l’irrigation agricole)

 

Enfin, le bâtiment, qui fut un temps le dancing « l’Opéra », était la scierie.

 

L’activité de la soie ne fut pas seulement l’apanage du faubourg Reyne à Lamastre. Il y eu des moulins (souvent anciens moulins à farine ou à huile) : Retourtour, les Rochains, pont de Laye (au confluent du Doux et du Grozon), … des filatures (dont les célèbres établissements Varenne (actuellement Point P).

 

RAD

 

 

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