Adopter des logiciels libres, une utopie ?

Les logiciels libres sont encore méconnus du grand public du à la monopolisation des grands lobbies comme Microsoft et Apple dans les nouvelles technologies et pourtant ils sont partout. Sans eux, le Web ne fonctionnerait pas, les banques, les avions, non plus. L’évolution d’internet et des langages informatiques ont évolués en grande partie grâce à eux.

Pourtant, sans le savoir, vous en utilisez sûrement sans le savoir ou connaître ses principes, par exemple avec des logiciels comme Firefox, VLC, Gimp, LibreOffice…

Qu’est-ce qu’un logiciel libre ?

Un logiciel libre est un logiciel garantissant un certain nombre de libertés à ses utilisateurs.

Nous allons procéder par analogie en comparant le code source d’un logiciel à une recette de cuisine.

Imaginons que vous vous trouvez dans un restaurant et que vous mangez un excellent plat. Peut-être aurez-vous l’envie de pouvoir le cuisiner chez vous pour vos amis ?

C’est impossible si vous n’avez pas la recette du plat. Vous pouvez toujours le manger dans le restaurant, mais même si vous connaissez le goût, vous ne savez comment le reproduire. La liberté d’échanger des recettes de cuisine est essentielle pour les cuisiniers comme pour les simples gourmets.

En informatique, il en va de même pour un logiciel. Le code source est la recette, le binaire est le plat déjà cuisiné. La plupart des logiciels dits logiciels propriétaires sont distribués sans leur code source et il est interdit d’essayer de comprendre leur fonctionnement, de les partager avec vos amis ou d’essayer de les modifier pour les adapter à vos besoins.

Au contraire, un logiciel libre vous garantit quatre niveaux de libertés :

  • utilisation : la liberté d’utiliser/exécuter le logiciel pour quelque usage que ce soit.
  • étude : la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins.
  • redistribution : la liberté de redistribuer des copies.
  • modification : la liberté d’améliorer le programme, et de rendre publiques vos améliorations de telle sorte que la communauté tout entière en bénéficie.

Ce sont des libertés fondamentales à l’utilisation de l’informatique, à la création et au partage des informations. Les logiciels libres sont avant tout porteurs de liberté de partage et d’accès à la connaissance.

Elles sont bien sûr essentielles aux informaticiens, mais aussi aux utilisateurs, auxquels elles fournissent une maîtrise des outils et des informations, en empêchant toute dépendance permanente vis-à-vis d’un quelconque éditeur de logiciels.

(source: qu’est-ce qu’un logiciel libre ?)

Quelques chiffres prouvent le constat que le logiciel libre est un moteur de l’innovation :

Je vous propose d’analyser plus en détails les résultats du sondage afin de mieux comprendre l’état actuel de l’adoption du logiciel libre en entreprise :

  • Dans le cadre de projets TI, le logiciel libre est systématiquement prioritaire pour 66 % des répondants;

  • 67 % des organisations avec plus de 5 000 employés contribuent à des projets de logiciels libres;

  • 93 % des organisations ont augmenté leur implication dans des projets libres au cours des douze derniers mois;

  • 64 % des organisations contribuent à des projets de logiciels libres, une augmentation de 14 % par rapport à l’année précédente. Également, 88 % planifient augmenter leur niveau de participation au cours des deux à trois prochaines années.

Selon le sondage, les raisons principales qui justifient cet engouement sont les suivantes :

  • 50 % croient que le logiciel libre leur permet d’attirer les meilleures ressources techniques;

  • 65 % croient que le logiciel libre génère un avantage compétitif;

  • 58 % pensent que le logiciel libre est plus évolutif que ses alternatives propriétaires;

  • 55 % pensent que le logiciel libre est plus sécuritaire que ses alternatives propriétaires et que cette tendance va s’accentuer au cours des deux ou trois prochaines années;

  • 90 % pensent que le logiciel libre est un moteur d’innovation et qu’il permet d’accélérer les délais des déploiements;

  • 78 % pensent que le logiciel libre leur permet d’améliorer leurs marges.

(source : Les chiffres ne mentent pas : le logiciel libre est partout)

Des économies

D’une part son utilisation permet de faire des économies comme pour le cas de la mairie de Toulouse qui a économisé 1 million d’euros grâce au passage de son fonctionnement avec des logiciels libres (voir ces articles: La mairie de Toulouse économise 1 million d’euros en passant au logiciel libre et Toulouse devient la première grande ville française à adhérer à l’April) ou encore récemment la mairie de Fontaine près de Grenoble (voir: La mairie de Fontaine passe au Libre ! et L’expérience du logiciel libre à la mairie de Fontaine) qui fait preuve de beaucoup de sagesse et qui nous apprend comment cela demande une longue préparation en amont pour y arriver en douceur.

De la perennité

D’autre part les avantages sont bien plus nombreux, la sécurisation et la pérennité des logiciels libres sont prouvés. Un des grands avantages des logiciels libres reste l’interopérabilité des formats.

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Autres avantages des logiciels libres :

Si vous n’êtes pas convaincu de l’intérêt des logiciels libres, voici quelques-uns de leurs avantages…

Fonctionnalité

Les logiciels libres sont réalisés par les personnes qui sont passionnées par un sujet donné ou par un domaine fonctionnel particulier. Par conséquent, ils disposent naturellement des fonctionnalités les plus avancées dans leurs domaines respectifs.

D’autre part, les logiciels libres existants peuvent servir de base fiable et non négligeable pour les personnes et les sociétés qui désirent ajouter des fonctionnalités spécifiques non encore couvertes. Ils sont donc souvent étendus et de nouvelles fonctionnalités qui n’auraient jamais été introduites dans un logiciel fermé ou propriétaire y sont adjointes.

Rentabilité

Ce même phénomène permet de gagner énormément de temps et de ressources, puisque ceux qui veulent ajouter une nouvelle fonctionnalité peuvent réutiliser tous les codes sources existants. Il est en effet plus simple de repartir d’un logiciel libre existant et de lui ajouter la fonctionnalité qui nous intéresse que de repartir à zéro et d’écrire un logiciel complet.

Efficacité

De part l’ouverture des sources et la possibilité de les modifier, les logiciels libres permettent la contribution de tout un chacun. Ces contributions portent parfois sur des petites parties du logiciel, et se font par des personnes différentes dans le monde entier et sans autre rapport que la base de source commune. Ceci permet l’exploration de différentes solutions techniques, et généralement, la meilleure est retenue. Sur le long terme, grâce à la sélection naturelle des solutions techniques (merci Darwin), les logiciels libres se révèlent être les plus performants et les plus efficaces.

Fiabilité et sécurité

Toujours grâce à l’ouverture des sources et à la liberté de les consulter et de les modifier, tout utilisateur sachant le faire, et il y en a beaucoup, se voit donné les moyens de corriger les erreurs éventuelles qu’il peut détecter. Quasiment aucune erreur ne peut donc passer au travers de cette battue géante, à laquelle tous les utilisateurs participent. Les logiciels libres atteignent donc un très grande fiabilité, et cette fois à très court terme. Comme il est courant de le dire, « avec suffisamment d’yeux pour regarder, les bogues ne peuvent plus se cacher ».

Cet argument est également valide pour tout ce qui concerne la sécurité. Les failles dans les logiciels et les erreurs qui peuvent être exploitées dans le but de détourner le logiciel de sa fonction normale sont également recherches par de nombreuses personnes et par les experts en sécurité informatique. Ainsi, les failles de sécurité sont détectées et corrigées plus rapidement pour les logiciels libres que pour les logiciels propriétaires. Notez que certains prétendent que les failles de sécurité des logiciels propriétaires ne sont pas facilement exploitables du fait que le code source n’est pas disponible. Malheureusement, cela est souvent compensé par le fait que les éditeurs de logiciels sont dans ce cas moins enclins à fournir les correctifs rapidement, et tendent à attendre la sortie d’une nouvelle version pour corriger les failles.

Respect des standards

Les développeurs de logiciels libres ont en permanence le respect des standards à l’esprit. En effet, seuls les standards garantissent une interopérabilité parfaite avec les autres logiciels.

De plus, personne n’a intérêt, dans le monde du libre, à utiliser des protocoles incompatibles ou des formats de fichiers non standards, puisque les sources sont ouverts et qu’il est impossible d’utiliser les techniques de rétention d’informations classiques dans le but de gagner des parts de marché. Les logiciels libres manipulent donc leurs données sous des formats standards, et elles peuvent être récupérées et traitées par d’autres logiciels de manière fiable et à moindre coût.

Garantie de la liberté

La disponibilité des sources garantit la liberté de tout un chacun (c’est même leur raison d’être !). Il n’est pas possible, dans un logiciel libre, d’inclure des fonctionnalités cachées dans le but de restreindre les libertés individuelles ou de collecter des informations sur les utilisateurs.

Du fait qu’ils respectent les standards, les logiciels libres n’utilisent pas des formats de fichiers opaques ou des protocoles de communication propriétaires. Ils garantissent donc la libre circulation des informations et la liberté d’expression de chacun.

Enfin, les logiciels libres proposent une, parfois même plusieurs alternatives aux autres logiciels, garantissant ainsi la liberté de choix à laquelle tout le monde a droit.

Indépendance et pérennité

La disponibilité des sources garantit aux utilisateurs la pérennité des logiciels libres qu’ils utilisent et leur indépendance vis à vis des éditeurs de ces logiciels.

Généralement, les utilisateurs des logiciels propriétaires sont toujours les otages des société éditrices de ces logiciels. En cas de problème, ils sont totalement tributaire de leur fournisseur, ce qui n’a jamais été très bon. Les contrats de service classiques sont non seulement onéreux, mais souvent inefficace, car la correction d’un bogue passe souvent par l’attente de la version suivante (et de son achat).

Inversement, avec les logiciels libres, les utilisateurs peuvent résoudre les problèmes eux-mêmes s’ils en ont les moyens, ou louer les services d’une société spécialisée dans le cas contraire, qui assure alors un contrat de service optimal. Dans les deux cas, les utilisateurs ont l’assurance du bon fonctionnement de leurs logiciels. Les utilisateurs ont même le choix de la solution à apporter à leur problème si plusieurs solutions sont disponibles.

Enfin, l’abandon du support du logiciel par la société éditrice n’est pas à craindre, car les utilisateurs ont toujours accès aux sources et peuvent les maintenir ou les faire maintenir. Les logiciels libres sont donc une garantie de pérennité des moyens informatiques.

Économiques

Les logiciels libres sont souvent, de part la liberté de distribution que leur licence autorise, d’un prix de revient modeste. Ils sont généralement achetables à un prix permettant de couvrir les frais de distribution et d’impression des documentations associées.

Toutefois, les éditeurs de logiciels proposent souvent des contrats de services associés à leurs logiciels, afin de fournir des garanties professionnelles à leurs clients. Le client est libre d’y souscrire ou non selon ses besoins et sa politique de gestion de ses moyens informatiques.

(source: Systèmes et Technologies Objet)

Pourtant le gouvernement en a bien conscience et fait des efforts pour le préconiser (voir: LES DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE DU S.I. DE L’ÉTAT), son rêve étant sûrement entre autre de s’émanciper du pouvoir des lobbies américains qui, de plus est, a sûrement laissé des portes ouvertes aux services secrets de la NSA dans ses logiciels privateurs (non, ce n’est pas que la science fiction et Edward Snowden a révélé des failles a ce sujet).

Il y a des projets qui se développent pour donner des outils aboutis pour les mairies comme OpenMairie, qui offre des interfaces de démonstration (lien précédent).

La grande déception cette année pour les partisans du libre aura été les accords entre la ministre de l’éducation et Microsoft après avoir fait une consultation publique sur le numérique où la majorité des consultants demandaient en grande majorité au décideurs d’adopter des formats libres et des logiciels libres pour les écoles (voir: Accord Microsoft-Éducation nationale : le Libre offre déjà des alternatives).

Là aussi pour les écoles, je tiens à citer ce qui me semble une évidence depuis des années :

Pourquoi les établissements d’enseignement devraient utiliser le logiciel libre et l’enseigner

URL d’origine du document

Free Software Foundation – licence Creative Commons By-Nd
Version du 2 février 2012 – Traduction  : Pierrick L’Ébraly

Les écoles devraient apprendre à leurs élèves à devenir les citoyens d’une société forte, compétente, indépendante et libre.

Ce sont les raisons principales pour lesquelles universités et écoles de tous niveaux devraient n’utiliser que du logiciel libre.

Partage

Les établissements scolaires doivent enseigner les valeurs du partage en montrant l’exemple. Le logiciel libre aide l’éducation, en permettant le partage des savoirs et des outils  :

  • Savoirs. Beaucoup de jeunes élèves ont un don pour la programmation, ils sont fascinés par les ordinateurs et enthousiastes à l’idée d’apprendre comment leurs systèmes marchent. Avec des logiciels privateurs[2], cette information est un secret, donc les enseignants ne peuvent d’aucune façon les rendre accessibles à leurs élèves. Mais s’il s’agit de logiciel libre, le professeur peut expliquer les bases, et leur donner le code source pour qu’ils le lisent et apprennent.
  • Outils. Les professeurs peuvent fournir à leurs élèves des copies des programmes qu’ils utilisent en classe, pour qu’ils puissent les utiliser chez eux. Avec le logiciel libre, la copie est non seulement autorisée, mais encouragée.

Responsabilité sociale

  • L’informatique est devenue une partie essentielle du quotidien. La technologie numérique transforme notre société très rapidement, et les écoles ont une influence sur le futur de la société. Leur mission est de préparer les élèves à jouer leur rôle dans une société numérique libre en leur enseignant les savoir-faire qui leur permettront de prendre facilement le contrôle de leurs propres vies. Le logiciel ne doit pas être aux mains d’un développeur qui prenne des décisions unilatérales que personne d’autre ne puisse modifier. Les établissements d’enseignement ne doivent pas permettre aux entreprises du logiciel privateur d’imposer leur puissance sur le reste de la société et sur son futur.

Indépendance

Les écoles ont une responsabilité éthique  : elles doivent enseigner la force, pas la dépendance vis-à-vis d’un seul produit ou de telle ou telle puissante entreprise. De plus, en choisissant d’utiliser le logiciel libre, l’école elle-même gagne en indépendance vis-à-vis de tout intérêt commercial et évite l’enfermement par un fournisseur.

  • Les entreprises du logiciel privateur utilisent écoles et universités comme tremplin pour atteindre les utilisateurs et de là imposer leurs logiciels à la société dans son ensemble. Elles proposent des réductions, voire des copies gratuites de leurs logiciels privateurs aux établissements d’enseignement, de manière que les étudiants apprennent à les utiliser et en deviennent dépendants. Une fois que les étudiants auront leur diplôme, ni eux, ni leurs futurs employeurs ne se verront offrir de copies au rabais. Fondamentalement, ces entreprises font des écoles et des universités des démarcheurs pour amener les gens à une dépendance permanente à vie.
  • Les licences libres n’expirent pas, ce qui veut dire qu’une fois que le logiciel libre est adopté, les établissements conservent leur indépendance vis-à-vis du vendeur. De plus, les licences libres donnent aux utilisateurs le droit, non seulement d’utiliser les logiciels comme ils le souhaitent, de les copier et de les distribuer, mais aussi de les modifier pour les faire répondre à leurs propres besoins. Ainsi, si une institution décide de mettre en œuvre une fonction spécifique dans un logiciel, elle peut demander ce service à n’importe quel développeur, sans avoir à passer par le distributeur initial.

Apprendre

Quand ils choisissent où ils étudieront, de plus en plus d’élèves prennent en compte le fait pour une université d’enseigner ou non l’informatique et le développement logiciel en utilisant le logiciel libre. Le logiciel libre signifie que les élèves sont libres d’étudier la façon dont fonctionnent les programmes, et d’apprendre à les adapter à leurs propres besoins. S’instruire au sujet du logiciel libre aide aussi dans l’étude de la pratique professionnelle et de l’éthique du développement logiciel.

Économies

C’est un avantage évident qui attirera tout de suite de nombreux administrateurs, mais c’est un bénéfice marginal. Le plus important, c’est qu’en étant autorisé à distribuer des copies du programme à faible coût ou gratuitement, les écoles peuvent en fait aider les familles ayant des difficultés financières, promouvant ainsi l’équité et l’égalité d’accès au savoir parmi les élèves.

Qualité

Des solutions libres stables, sûres et facilement installées sont disponibles pour l’éducation dès à présent. De toute façon, l’excellence des performances n’est qu’un bénéfice secondaire, le but ultime étant la liberté pour les usagers de l’informatique.

Notes

[2] Autre traduction de proprietary  : propriétaire.

(source: Pourquoi les écoles devraient utiliser le logiciel libre et l’enseigner (R. Stallman))

Tous ces arguments sont bien connus des professionnels de l’informatique. Le logiciel libre ne veut pas dire « gratuit », mais « libre ». Par contre il revient moins cher que les sociétés propriétaires qui étendent leurs pouvoirs et rendent dépendant de leur licences les utilisateurs. Bien sûr il y a des difficultés à tout faire marcher avec du logiciel libres du aux lobbies qui ferment leur code source sur certains matériels.

Une institution qui a fait le pas de passer aux logiciel libre aussi pour faire des économies et pour la fiabilité du système, c’est la Gendarmerie (voir: Le logiciel libre à la Gendarmerie française : (1) Alibi pour une indépendance technologique). Comme quoi même un gros parc informatique peut basculer vers plus d’indépendance et de liberté sans trop de douleurs.

Pour finir une vidéo qui résume bien cette argumentation (en anglais) :

(Note : pour voir cette vidéo avec des sous-titres en français, cliquez sur la roue crantée, puis sur subtitles/CC et cochez French)

2 commentaires sur Adopter des logiciels libres, une utopie ?

  1. Trés interressant et bien explicatif,j avoue que je ne l ai pas lu en entier mais en et bien saisie le sens.Néophite en informatique je me renseigne a droite et a gauche et du peu que je sais dans ce domaine j en partage les idées(de l article).Bravo pour le temps qu à passé la personne qui cest occpé du sujet

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