La grogne dans les EHPAD – grève du 30 janvier

 

Le « cinquième risque » est en train de se rappeler au bon souvenir des  gouvernants. Dix ans après le lancement du plan solidarité grand âge visant à prendre en compte la dépendance comme un risque à part entière au même titre que la maladie, les accidents du travail, la retraite et la famille, les moyens mis en œuvre ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux.

 

Au bord de l’asphyxie, les établis­sements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) privés comme publics étaient en grève ce mardi 30 janvier pour réclamer davantage de moyens afin de s’occuper « dignement » des aînés.

Réunissant à la fois personnels et directions, une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD), avec le soutien de l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et de plusieurs associations de retraités ont appelé à ce mouvement.

 

Objectif : dénoncer le malaise des soignants et celui des soignés

Depuis plusieurs mois, les personnels qui se disent « cassés », « usés », « à bout »,  réclament « davantage de moyens humains pour plus de dignité ».

 

 

« On a entre 12 et 15 toilettes à faire par matinée, on n’a plus de temps d’écoute… Ceux qui peuvent encore marcher, on les met dans un fauteuil, ça va plus vite.

 

 

Pour faire manger les résidents, c’est un à chaque bras », a témoigné une aide-soignante de Nantes. Pour elle, cette journée de mobilisation « attendue depuis dix ans » sera l’occasion « de dire qu’on est cassés, usés ». « On leur donne une alimentation mixée car c’est plus rapide à avaler » a indiqué une autre soignante.

De nombreux témoignages similaires sont également apparus sur les réseaux sociaux.

 

Les revendications 

 

Deux revendications dominent:

  • l’application d’un ratio d’un agent par résident, contre 0,6 en moyenne actuellement,
  • et l’abrogation d’une réforme contestée de la tarification, qui prévoit de faire converger progressivement jusqu’en 2023 les dotations aux EHPAD publics et privés. Cette dernière va « aggraver davantage la situation financière des EHPAD publics » et conduire à des « suppressions de postes », selon les syndicats.

En urgence, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé le déblocage de 50 millions d’euros supplémentaires en direction des établissements en difficulté. Une somme jugée insuffisante par les syndicats.

 

En Ardèche,  les 16 points de rassemblement retenus par les syndicats ont connu une forte mobilisation.

 

 

 

 

 

A Privas, près de 300 personnes se sont rassemblées.

 

 

 

 

 

 

 

Au Cheylard, de nombreux habitants ont fait le déplacement pour soutenir les soignants. Ils étaient environ 250 à défiler. Mathilde Basset, l’infirmière qui est devenue un symbole de la profession après avoir écrit une lettre ouverte à la ministre de la Santé pour dénoncer la situation dégradée des EHPAD, a pris la parole.

 

 

 

 

 

 

A Lamastre, plusieurs centaines de signatures de pétitions ont été recueillies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En sous-effectif criant, les EHPAD ne sont plus en mesure d’assurer la sécurité et la dignité de leurs résidents de plus en plus nombreux, de plus en plus âgés et qui demandent de plus en plus d’accompagnement.

Près de 730 000 personnes âgées sont actuellement placées dans quelques 6 900 EHPAD publics, privés non lucratifs et privés commerciaux (10% des plus de 75 ans et plus d’un tiers des plus de 90 ans).

Un tiers des résidents est atteint d’une maladie neurodégénérative.

Pour s’en occuper, on ne compte que six ­salariés pour dix résidents, contre un pour un dans les pays scandinaves.

 

Ce déséquilibre conduit les personnels à accomplir les tâches quotidiennes de base à la chaîne, reléguant le lien humain à l’accessoire.

La dégradation des conditions de travail génère des taux d’accidents du travail et d’absentéisme aberrants par rapport aux autres métiers de la santé.

 

Le problème n’est pas nouveau

 

 

La réforme sur la dépendance de 2007, faute de moyens, n’avait pas tenu un quinquennat, Nicolas Sarkozy ayant renoncé à son financement dès février 2012.

L’essentiel des moyens provient aujourd’hui des cotisations salariales prélevées au titre de la journée de solidarité, créée en 2004 et de la ­contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie, ponctionnée depuis 2013 sur les retraites imposables.

 

 

Rafistolage permanent

 

Sous le précédent quinquennat, le gouvernement n’a pas répondu au problème de fond. Certes, les moyens alloués aux EHPAD ont augmenté ces dernières années. Une rallonge de 100 millions d’euros dans le budget 2018 de la Sécurité sociale vient d’être votée et sous la pression, 50 millions ont été ajoutés pour faire taire la grogne…

 

La croissance des besoins s’annonce exponentielle

 

D’ici à 2070, le nombre des plus de 75 ans aura doublé et celui des plus de 85 ans aura quadruplé.

Avec l’allongement de la durée de la vie, la question du grand âge s’impose comme un défi sociétal majeur.

 

Il est urgent de mettre en place des solutions de long terme au lieu du rafistolage permanent auquel on assiste.

 

 

 

 

RAD

 

 

 

Souvenez vous : EHPAD Lamastre – résidence des bords du gouffre

 

 

3 commentaires sur La grogne dans les EHPAD – grève du 30 janvier

  1. Il serait temps de réagir, on ne peut plus fermer les yeux !! l’année débute
    sous de sombres hospices, l’argent existe, il suffit de ne pas faire de cadeaux toujours aux plus riches.

  2. Bien d’accord avec Martine. Souhaitons simplement que les haruspices ne tirent pas leurs funestes auspices de l’étude des pensionnaires des hospices.

  3. Quel intérêt de construire des bâtiments à Lamastre pour presque 20 millions d’euros pour se retrouver dans un bazar pareil avant même la fin de la construction ?

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