Fainéants de fonctionnaires ! Maintien des services publics de proximité

Tous les maires de France et de Navarre ont reçu de la part de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) un courrier pour leur présenter le « Nouveau réseau de Proximité » des perceptions et centres des impôts sur tout le territoire national.

 

Ce projet, dont le contenu, les cartes départementales géographiques et les critiques sont facilement consultables sur Internet, est voulu par le Gouvernement et le ministre de l’Action et des Comptes publics.

 

Il est censé permettre au réseau de la DGFIP, à l’horizon 2022, de « s’adapter à l’évolution des missions et des usages notamment en lien avec la dématérialisation et le numérique tout en maintenant un service de proximité ».

 

Pour faire simple, il s’agit de centraliser les missions de gestion dans les plus grandes villes et de confier les missions de conseil aux élus et d’accueil du public à des antennes locales.

 

 

Les grands centres appelés « Centres de services communs » (CSP) centraliseraient le contrôle, le paiement, le recouvrement des dépenses et des recettes pour un bassin de vie regroupant plusieurs communes.

 

 

Dans les petites villes, la plupart des petites perceptions actuelles seraient supprimées.

Il est prétendu qu’elles réaliseraient un nombre ridicule d’opérations par jour. Fainéants de fonctionnaires, vous voilà démasqués à pantoufler derrière vos ordinateurs !

Elles seraient remplacées par des « antennes » locales où se tiendraient des permanences ponctuelles à destination du public. Un cadre pour plusieurs EPCI (Etablissement de coopération intercommunale) se consacrerait à l’expertise et au conseil aux élus, sans avoir de pouvoir décisionnaire.

 

Dans les faits, il s’agit de supprimer 75% des services de pleine compétence qui maillent actuellement le territoire pour les remplacer par des stations informatiques connectées et des employés multitâches mis à disposition, le tout au nom du dogme ultralibéral du « toujours moins d’État », des convergences budgétaires européennes et de la prétendue efficacité du numérique.

 

On va donc assister à un « déménagement du territoire » qui va étrangement concerner une administration essentielle au fonctionnement de la République, à l’égalité du citoyen devant l’impôt et à la lutte contre l’erreur ou la fraude fiscale (le résultat est le même) dont le montant annuel, rappelons le au besoin, représenterait pratiquement celui du déficit budgétaire annuel selon un rapport du syndicat Bercy solidaires Finances Publiques ou selon l’institut Ifrap, soit 100 milliards d’euros !

 

L’informatique est censée pallier l’éloignement géographique des services et des personnes !!!

 

Une étude d’avril 2019 des instituts Mazars France et Opinion Way intitulée « Les Français et la transformation des services publics » fait état d’une crainte de déshumanisation des services publics.

Elle succède à de multiples enquêtes et recommandations dont celle du Défenseur des droits.

 

Toutes ces études concluent au nécessaire maintien des services de proximité et fustigent le « tout internet ».

Selon cette étude, 80% des sondés (et 85% en zone rurale qui craignent de devenir des citoyens de seconde zone) affirment que la numérisation des démarches mène à une déshumanisation des services publics. Et l’étude d’ajouter que les services de proximité récoltent en moyenne un taux de satisfaction supérieur à 70% (76% pour la DGFIP).

 

Ce besoin d’humanité, de proximité, et de personnalisation exprimé par les Français, notamment pendant le mouvement des « gilets jaunes », démontre que le numérique, quelle que puisse être son efficacité ne remplacera jamais le contact direct.

A cet égard, le « grand débat national » qui a succédé à ce mouvement social, s’avère être une gigantesque mascarade.

 

Enfin, soyons sérieux, qui peut croire que l’État paierait ses agents à ne rien faire ? Comment peut-on ainsi exposer les personnels au dénigrement populaire ? Quand on veut se débarrasser de son chien, on l’accuse de la rage.

 

Des élus locaux sont nombreux à manifester leur opposition à ce projet qui constitue une énième disparition des services publics en zone rurale, sans compter que le déménagement des agents accentuera la déprise démographique de leurs communes.

 

Pour ce qui concerne l’Ardèche, il ne restera plus que 3 perceptions de plein exercice installées à Annonay, Privas et Aubenas.

Sauf évènement exceptionnel, Lamastre va perdre sa perception en Janvier ou Septembre 2021.

Elle sera déplacée…à Annonay.

 

 

Ce n’est jamais qu’à 50 kms, une promenade de santé. D’ailleurs, comme il est dit plus haut, on n’est pas obligé de se déplacer puisqu’on a tous, nos politiques en sont convaincus, les moyens de s’acheter un ordinateur et la capacité de s’en servir quand une partie du territoire n’est même pas couverte par internet et quand un ordinateur ne peut alors que servir à jouer à la belote.

 

 

Dans notre secteur, les élus locaux défendent-ils vraiment le maintien des services publics de proximité ?

Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir dans les jours prochains.

 

RAD

 

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