Courrier d’un lecteur – « Crise, vous avez dit crise – laquelle » ?

Un lecteur nous écrit

 

« Crise, vous avez dit crise – la quelle ?

 

Je vous préviens, c’est un peu long. La « corona- crise » frappe la société française dans une situation de crise générale qui a provoqué une vague de mouvements sociaux sans précédent, sans pouvoir décrocher quelques concessions significatives.

Ce n’est qu’avec une brutalité extrême et un état d’urgence devenu un état normal que le président et son gouvernement ont pu et peuvent s’accrocher au pouvoir. Outre la brutalité physique qui a causé des dizaines de mutilations et même des décès parmi les citoyens manifestants, il y a aussi la brutalité avec laquelle a été ordonnée une « réforme » profonde des retraites sans débat parlementaire. Même le FIGARO, media de référence de la droite, ne pouvait manquer de constater le large rejet de cette réforme par la population. L’application du paragraphe 49. 3 pour interrompre le débat parlementaire a conduit au départ spectaculaire de plusieurs députés marcheurs.

L’action brutale contre les femmes manifestantes à la veille du 8 mars, les photos de femmes traînées par leurs cheveux par la police dans un escalier du métro, ont fait réagir avec dégoût les couches dites « éduquées » et bien situées, auparavant plutôt bien intentionnées envers Macron et les marcheurs.

 

Dans cette situation, déjà extrêmement tendue, la France est frappée par cette pandémie, avec un système de santé où il y a des gens qui meurent dans les couloirs des hôpitaux, où des médecins et infirmières ont répondu par suicide à une situation qui leur est devenue insupportable. Depuis plus d’un an maintenant, des hôpitaux sont en grève et descendent dans la rue. L’effondrement du système de santé dû à la propagation de la pandémie est prévisible et se produira dans les 14 prochains jours.

 

Tout cela provoque un profond choc de confiance dans la manière dont sont organisées les affaires humaines dans notre société. Tout cela a conduit à un sentiment profond d’absurdité et d’inefficacité du suffrage universel.

La corona-crise et la crise économique qu’elle a déclenchée ont renforcé le sentiment d’un effondrement général imminent, d’autant plus que les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles. Une nouvelle conscience politique émerge, encore diffuse pour le moment, la conscience qu’il existe un intérêt général qui est au-dessus des intérêts particuliers. L’idée qu’il existe un intérêt humain général qui ne doit pas être détruit dans l’intérêt de la propriété privée commence à prendre de l’ampleur.

 

Il est tout à fait possible que nous soyons à la veille d’un nouveau chapitre de l’histoire humaine, totalement inconnu.

D’une manière ou d’une autre, nous, et avec nous, un grand nombre de personnes savaient que l’organisation de la production, de la consommation et de la vie sociétale qui prévaut actuellement conduit à une catastrophe prévisible et remet même en question la continuité de la civilisation humaine. Nous étions et nous sommes nombreux à être conscients que les causes de la crise économique de 2008 non seulement persistent mais se sont multipliées et que tous les « spécialistes » étaient convaincus que le prochain crash arriverait et qu’il dépasserait tout ce qui s’est passé jusqu’à présent. Nous y sommes.

 

S’il était encore nécessaire de prouver que l’organisation existante de la société humaine est seulement capable de tirer l’humanité dans l’abîme, alors nous le vivons en ce moment même. Quelle que soit l’origine de la pandémie, celle-ci et ses conséquences ne seront pas gérables par une logique capitaliste. Même le président-banquier français a dû l’admettre vendredi soir, dans son discours à la nation : « il y a des domaines comme la santé, dont le fonctionnement ne doit pas dépendre de la logique du marché ». Ce qui est si évident pour la santé, où même le président Macron doit l’admettre après avoir supprimé des milliers de lits d’hôpitaux, réduit le personnel à un niveau qui dépasse le supportable, après avoir fermé des centaines de maternités et presque tous les hôpitaux des zones rurales, donc ce qui est si évident pour la santé peut facilement être appliqué à tous les autres domaines de la société.

 

Ou peut-on sérieusement imaginer que la catastrophe climatique puisse encore être évitée dans ses pires effets si on laisse faire les « forces du marché », c’est-à-dire l’orientation vers le profit financier? Ou les guerres qui dévastent des régions entières et envoient des millions de personnes autour de la planète comme de misérables réfugiés ? Ou chaque année des milliers de personnes se noient en méditerranée, devenu le plus grand cimetière du monde et la honte de l’humanité ? Ou le fait insupportable que chaque minute un enfant meurt de faim alors que l’humanité n’a jamais eu autant de moyens? Ou, ou, ou …..

 

J’ose dire que dans quelques semaines ou quelques mois, rien ne sera plus comme avant. Il n’y aura pas un retour à « la normalité ». Soit l’humanité fera le saut maintenant, soit nous connaîtrons une situation dans laquelle un petite nombre d’oligarques  laisseront tout simplement crever une bonne partie de l’humanité, dans l’espoir que leurs descendants pourront en 1, 2 ou 3 générations diriger un monde, débarrassé de la partie « superflue » de l’humanité, à partir d’endroits de la planète où une vie confortable est encore possible. Et si ce n’est pas le cas, ce n’est de toute façon plus leur affaire. Il n’y avait pas non plus assez de place pour tout le monde dans les canots de sauvetage du Titanic.

 

Ou bien une auto-organisation collective orientée vers le bien-être et l’épanouissement, vers une vie digne et harmonieuse avec la nature prend le dessus et nous organiserons notre vie en commun. L’homme est un être profondément collectif, la compétition de chacun contre tous n’est pas la compétition sur la question comment on peut rendre la vie meilleur pour tous. Les quelques centaines d’années de capitalisme ne sont pas la fin de l’histoire humaine, son dépassement est une condition pour sortir en quelque sorte de la préhistoire de l’humanité.

 

Mise à jour : Qu’est qu’il faut penser de la déclaration de l’ancienne ministre Agnes Buzyn qui a déclaré qu’elle avait le 20 décembre « alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein. »

Que dire  sur le fait quand elle se « dit que je n’allais pas laisser « La République en marche » dans la difficulté » par rapport la candidature aux municipales à Paris si ce n’est pas qu’on est gouverné par des irresponsables qui préfèrent leur formation politique en lieu et place de la santé de millions de gens.

 

 

«On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade», affirme-t-elle dans les colonnes du quotidien LE MONDE, par rapport aux municipales. Mais non, leurs calculs politiciens valent plus que la santé des français.

 

Si je pense au discours du président lundi (plutôt prestation d’un curé que d’un responsable pour la vie et la santé de millions des gens) je suis tout simplement écœuré. Juridiquement c’est au moins une « mise en danger de la vie d’autrui », moralement c’est la banqueroute de ce gouvernement et du système de la 5eme république.

 

Bien à vous, portez vous bien, à la prochaine – très probablement dans un autre monde »

Harry l’insoumis

 

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