Carrière de Lamastre – Interview: « Ce n’est pas moi M’sieur, c’est l’autre… »

 

Nous relayons ici des extraits d’un entretien que nous avons eu avec des membres de l’association SILICE. Le moins que l’on puisse en déduire, c’est que cette carrière du Malpas illustre jusqu’à la caricature les dérives du pouvoir en place à Lamastre.

 

RAD – Quelles sont les origines de l’affaire ?

 

SILICE – La carrière artisanale SINZ s’était arrêtée en 1988. A cette époque, c’est 2 000 tonnes seulement qui étaient extraites par an. Le 6 mars 2003, M. ROFFAT est venu présenter un projet de reprise au conseil municipal. Les élus avaient été mis au courant du nombre d’emplois nécessaires (2), de la surface du projet (5 hectares,) de sa hauteur (aussi haut que la Suche) et du tonnage (100 000 tonnes par an pendant 15 ans et si possible 30).

(carrière avant exploitation par Roffat – elle se fondait dans le paysage)

 

RAD – C’était un projet effectivement énorme avec peu d’emplois à la clé. Quelle a été la décision des élus ?

 

SILICE – Le conseil a tout de suite donné son accord à l’unanimité moins une voix !

 

RADLes élus avaient-ils le choix ?

 

SILICE – Bien sûr. C’est le Préfet qui examine l’impact du projet et c’est lui qui accorde l’autorisation d’exploiter. Mais, à travers le plan d’occupation des sols, ce sont bien les élus qui décident de ce qui peut être fait ou pas sur le territoire de la commune. Eh bien, comme le POS ne permettait pas de rouvrir la carrière et de l’agrandir, le maire de Lamastre a décidé de le faire modifier le 27 octobre 2003.

 

RADIls sont donc responsables ?

 

SILICE – Tout à fait. Le Préfet ne peut pas obliger un maire à modifier le POS de sa commune, sauf lorsqu’il estime qu’un projet présente une utilité publique.

Si les élus de Lamastre avait rejeté le dossier, ROFFAT aurait du chercher à s’implanter ailleurs. Mais de nos jours aucun maire sérieux n’accepte une activité de ce genre à proximité de sa ville. La carrière du Malpas ramène Lamastre au XIXème siècle où on installait les carrières à proximité des villes, sans souci du voisinage.

 

RADPersonne ne leur a forcé la main ?

 

SILICE – Non seulement ils ont modifié le POS, mais en plus, avant les 2 enquêtes publiques, ils ont voté presque à l’unanimité POUR cette carrière, ce qui n’a pu que conforter la décision du Préfet.

 

Chaque fois qu’on lui pose la question le maire se défausse sur le Préfet mais c’est bien lui le principal responsable de ce désastre. Il a voulu cette carrière avec une obstination troublante. Et ses conseillers l’ont suivi sans crainte de l’héritage qu’ils vont laisser aux générations futures.

Les hommes laissent leurs noms dans l’histoire sur les oeuvres qu’ils ont érigées !

 

RAD – Pouvez vous nous dire plus de la conduite anormale de certains partisans de la carrière ?

 

 

SILICE – Ce qui s’est passé à Lamastre n’est pas une exception. Les opposants sont soit des personnes nouvellement installées soit des natifs du lieu, qui ont pris la peine de lire le dossier contrairement aux autres qui croient sur parole les autorités. Lorsque ces dernières ont leurs « entrées » assurées auprès des médias locaux, il leur est assez facile de communiquer à leur guise.

On nous a accusés d’avoir brûlé une pelle mécanique, d’avoir profané une tombe…de perturber le déroulement de certaines manifestations, etc. Certains d’entre nous recevaient des appels anonymes au milieu de la nuit. Lorsqu’on agit ainsi, c’est qu’on manque d’arguments fiables.

Nous étions régulièrement convoqués en gendarmerie pour répondre de délits qui nous étaient injustement imputés.

 

 

 

En 2014, lorsque le 2ème projet de carrière a été adopté, nous avons installé des banderoles sur des terrains privés avec l’accord des propriétaires.

Elles étaient arrachées presque toutes les nuits.

 

 

 

 

 

 

Une croix gammée a même été dessinée au domicile de l’un des nôtres.

De telles pratiques interdites par la loi rappellent une bien VILAINE époque.

La famille, bien connue à Lamastre, a porté plainte et nous a aimablement fourni la preuve du délit (voir photo ci contre).

 

 

 

Le 4 août 2014 à 1h du matin, nous avons pris sur le fait 3 individus en train de s’adonner à ce petit manège. Nous avons porté plainte. L’affaire est toujours en cours.

 

Depuis cette nuit mémorable, il n’y a plus eu d’acte de malveillance, soit à notre encontre, soit à l’encontre de l’entreprise ROFFAT…et plus de croix gammée.

Comme quoi il suffit de très peu d’individus pour semer le trouble chez toute une population

 

RADNous y reviendrons sans doute un jour. Quels sont ces problèmes de voisinage que vous évoquiez plus haut ?

 

SILICE – Quand cette affaire a démarré, beaucoup n’ont pas voulu s’impliquer par peur de représailles : un tel avait un permis de construire en attente, un autre avait peur de perdre son emploi. Il y a toujours une mauvaise raison pour se taire. On leur a dit que ce serait comme la carrière SINZ et qu’il y aurait des économies et de nombreux emplois à la clef ! Où sont-ils, où sont-elles ?

 

On leur a fait croire que cette carrière était indispensable et aujourd’hui encore on communique sans cesse sur ses prétendus avantages.

Ne disait-on pas aussi récemment, qu’il avait fallu 800 tonnes de pierres du Malpas pour ériger le mur de Macheville ? C’est jamais que 20 camions de 40 tonnes qui pouvaient venir de la carrière Bonnardel de St Péray , qui, elle, ne gêne pas toute une ville ! Beaucoup croient que le Préfet est seul responsable

 

Aujourd’hui, les faits nous donnent raison. Le bruit du chantier se propage du carreau jusqu’au Peyronnet…

(depuis le quartier de la Suche)

 

Et si on n’entend pas la carrière, on la voit ! L’entrée principale de Lamastre est complètement dévastée. On la voyait déjà avant, mais au moins on savait que ça ne s’aggraverait pas.

Certaines maisons sont d’ores et déjà invendables, tout comme à Saint Julien Molette où il y a une carrière identique qui devait être exploitée pendant 15 ans et qui avait le soutien de la municipalité de l’époque, comme chez nous. L’industriel a demandé une prolongation de 15 ans de plus, puis 30 ! Le Préfet a accédé à son souhait en déclarant cette carrière d’utilité publique. La municipalité actuelle qui n’en veut pas ne peut rien faire.

(entrée de la carrière – route de Tournon)

 

Récemment, un « papy »  nous faisait cette réflexion : « Vous aviez peut être raison, c’est pas joli mais j’espère que Jean Paul (Vallon) l’arrêtera ». Les bras nous en tombent. C’est justement JP VALLON qui a tout fait pour qu’elle ouvre !

 

RADOù en êtes vous des péripéties juridiques ?

 

SILICE – En 2005, Bernard THOUVENOT, commissaire enquêteur à l’époque indiquait dans ses conclusions : « La proximité de la ville est un inconvénient majeur ».

2 ans après, nous avions gagné parce que ROFFAT affirmait que la carrière ne se voyait pas de Lamastre (!) et que l’étude paysagère était inconsistante.

Sans doute cette victoire a-t-elle été trop rapide, les lamastrois n’ont pas eu le temps de voir les conséquences de l’exploitation.

Pour le 2ème dossier, ROFFAT a produit une étude paysagère plus fournie. Mais ce n’est pas pour cette raison que le projet ne présente plus d’inconvénients. Le conseil municipal de Lamastre a donné à nouveau un avis favorable. Il fallait s’y attendre.

 

Sur les 8 communes du canton consultées, 5 ont quand même donné un avis défavorable.

 

Le Préfet a signé l’arrêté d’autorisation d’exploiter le 13 juin 2014.

 

 

Malgré les incohérences du dossier que nous avions relevées et une étude sonore dont nous contestons la sincérité, nous avons perdu en première instance.

Nous avons fait appel et nous ne lâcherons rien.

 

 

A ce jour, l’association compte 300 adhérents. Nous avons dépensé plus de 30 000 euros en frais de justice. A ce propos, nous acceptons tous les dons sans restriction

(SILICE – BP 40 – LAMASTRE).

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

 

En 2000, l’entreprise ROFFAT projetait de s’installer à Nozières. Elle y a rencontré une forte opposition et elle n’a pas insisté.

 

S’installer à Lamastre était-il déjà prévu ?

En 2000, jamais le maire de Lamastre n’aurait trouvé une majorité pour accepter la carrière ROFFAT. Les conseillers de l’époque avaient des convictions.

 

 Voici ce qu’écrivait alors le 1er adjoint Jacky CHOSSON: 

chosson

 

NON, VOUS NE RÊVEZ PAS !

Depuis 2003,la carrière de Lamastre ne pose aucun problème à M. Chosson. «J’assume », aurait-t-il dit. C’est ce qui s’appelle être droit dans ses bottes !

 

Voir ci-dessous un documentaire de très bonne qualité réalisée par Bulle Bardoux, daté de 2013.

 

Lire aussi:

L’association Silice communique

 

RAD

 

3 commentaires sur Carrière de Lamastre – Interview: « Ce n’est pas moi M’sieur, c’est l’autre… »

  1. Chapeau pour le travail de SILICE et pour l’excellent résumé dans cet article! Le projet de cette carrière industrielle, c’était prévisible, est une aberration totale si l’on a une vision plus globale et à long terme du développement social et économique de Lamastre et des communes voisines. Je pense que cette question du développement futur global doit être la question centrale. Dans une lettre ouverte adressée le 30. janv. 2006 au préfet et aux conseillers municipaux je l’avais exprimé ainsi :
    « … Ce canton n’a qu’une seule ressource : son environnement naturel magnifique et ses hommes (ardéchois de souche ou de cœur). Tout le monde parle aujourd’hui de « développement durable ». Et si même cette formule reste vague, on sait au moins que cela concerne en premier lieu un mode de fonctionnement économique et sociale durable, exactement le contraire du pillage des ressources naturelles sans merci et de la dégradation de la qualité de vie.
    Mais alors de quoi peut-on vivre ici?
    Ici, la nature et son environnement attirent chaque année des milliers de citoyens. Ces « touristes » sont des gens venus respirer l’air pur, découvrir la nature et les hommes qui transforment la nature par leur travail en produits savoureux ; pour élargir leur horizon et jouir de spectacles culturels, bref pour se « ressourcer » comme on dit aujourd’hui. Et là aussi, s’impose la question de qualité. C’est toute la différence entre un tourisme industriel qui pille les visiteurs (comme la nature d’ailleurs) et un tourisme de qualité (dit vert). Toutes les initiatives allant dans ce sens sont à saisir. …
    Je crois qu’il faut développer ensemble (groupes de réflexion ?) une vision du développement basée sur la nature en tant que ressource très précieuse. Et c’est évident, il faut d’abord et avant tout éviter tout ce qui porte atteinte à cette ressource, car elle est unique.
    L’idée phare pour développer de quoi vivre ici, est actuellement l’ouverture d’une carrière industrielle à Lamastre et le classement en « zone polluée » comme « bienvenue » à la porte du parc régional.
    J’espère qu’une prise de conscience de la part de la population et de vous-mêmes en tant que responsables, empêchera ce projet aberrant! »
    Depuis, l’EHPAD est devenue une partie importante de l’économie locale et tant mieux, sans rentrer dans l’historique de ce dossier et dans les détails de la situation actuelle. Mais pour cette activité aussi comme pour le bien-être de nos anciens un cadre de vie préservé est un atout précieux.
    Bien à vous, Peter Misch

    • Pour ce qui est de la maison de retraite,vu l ampleur des travaux,avec une vue sur le doux imprenable,le tout exposé plein sud,il y a belle lurette que je scande que nos pauvres retraités de la région n auront pas les moyens de résider dans cet epadh.Message à lison,voila la preuve que ce que je raconte n est pas tout le Temps des conneries.

  2. quelqun peut il me dire dans quel site officiait Cornelius,nous avions commencé une discussion interressante,et j ai perdu sa trace.Merci d avance.

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