Patois ardéchois – Ce qu’il en reste…

Le patois ardéchois est un sous-dialecte de la langue d’oc, on y trouve beaucoup de mots d’origine gauloise, latine et quelques autres d’origine grecque, arabe et germanique.

En Ardèche, le patois est une langue le plus souvent parlée, rarement écrite.

Compte tenu de la diversité des parlers selon les régions et même selon les villages, il serait bien difficile d’écrire un livre en patois aisément accessible à tous.

 

Georges Massot , dans « Vivarais-Ardèche », apporte des précisions sur les différentes aires des dialectes en Vivarais.

« Il n’existe pas de patois purement ardéchois, c’est généralement la prononciation qui donne aux mots un caractère plus local ».

– le patois du nord du département est influencé par celui du Limousin,
– celui de l’extrême sud est imprégné de Provençal,
– au centre, c’est un mélange Auvergne/Provençal (aux alentours des Boutières),
– au sud-ouest, le parler est teinté de Provençal avec une touche de Gévaudan…

 

Aire géographique de la langue occitane

(une trentaine de départements)

  • Du Sud de Limoges jusqu’en Catalogne Espagnole (où l’Occitan est langue co-officielle depuis1990), excepté le Pays Basque.
  • De l’Auvergne jusqu’au Piémont italien inclus (dialecte dauphinois).
  • Et toute la zone sud – sud-est (Midi- Pyrénées – Languedoc Roussillon et Provence
    Alpes Côte d’Azur).

Patois: mot infamant, inventé à la Cour du Roi de France pour mépriser puis faire disparaître tous les parlers différents de la langue officielle : le Français.

On a fait croire à nos ancêtres que le patois était un parler vulgaire, sans culture, qu’il ne fallait surtout pas transmettre aux enfants.
A l’école où le Français était obligatoire, nombre de punitions ont été infligées aux malheureux qui « lâchaient une expression interdite »…

 

L’histoire de la bobine

L’élève qui s’exprimait en patois recevait une « bobine » dont il devait se débarrasser au plus tôt sous peine d’être puni le soir. Dès qu’il entendait un autre élève placer un mot « interdit » dans la conversation, il s’empressait de la lui donner. Et ainsi de suite tout au long de la journée.
Et c’était le « pauvret » qui était en possession de cette maudite bobine qui, le soir, écopait de la punition…
Occitan et patois furent ainsi dévalorisés durant plusieurs générations.

 

Dans les années 1950 -1960 et même 1970, le patois était encore très parlé dans le pays de Lamastre.

 

La génération des actuels sexagénaires a  grandi dans un contexte bilingue … Avec la connaissance actuelle sur l’apprentissage des langues, elle avait une longueur d’avance sur les gens de la ville mais ne le savait pas…

Et pourtant, parler patois était considéré comme une tare. Une connotation péjorative évoquait  l’idée d’un langage rudimentaire, marginal…

A la maison, les parents parlaient patois entre eux et avec tous les adultes mais avec les enfants, ils parlaient français. Il arrivait au père de parler patois aux enfants… et c’était la mère, soucieuse de la bonne éducation de sa progéniture qui l’interpellait : « Ne parle pas patois devant les enfants! »

Les enfants comprenaient le patois mais leurs parents voulaient qu’on parle français comme l’exigeait l’école … On devait démarrer la scolarité sans  handicap…

 

 

On ne voyait pas la richesse qu’il y avait à connaitre deux  langues.

Plus tard, le patois facilitera énormément l’apprentissage du portugais et de l’espagnol.

Après cette guerre d’usure menée contre le patois, l’éducation nationale a voulu lui redonner quelques lettres  de noblesse et  le patois pouvait être choisi en option au baccalauréat: c’était juste une manière de le mettre au musée des langues mortes.

De nos jours, combien de personnes âgées qui connaissent bien le patois, refusent de le parler lorsqu’on leur demande… Les préjugés sont encore bien ancrés !!!

 

 

 

Le patois est encore utilisé sur le plateau ardéchois. Il est perpétué par la tradition orale.
Cette tradition fait partie de notre patrimoine et nous rapproche des cultures catalanes ou piémontaises.

 

Proverbes et dictons vivarois (1857)

Dis mé en caou vas, té dirai caou siès     –     (Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es)

Coma faïre un fiolòu             –         (Comment faire un sifflet)

Un còp que sabió pas que faire, que gitave mas vachas, montèro amb un arbre, copèro una brancha. E d’aquela brancha, ne’n faguèro un fiolòu.

(Un moment où je ne savais pas que faire, où je gardais mes vaches, je suis monté sur un arbre, j’ai coupé une branche. Et de cette cette branche, j’en ai fait un sifflet).

 

Petit lexique pour apprentis patoisants

  • Bonjour = bondjou
  • Au revoir = ar vère
  • Au revoir, à bientôt : ar vère, o co que veï
  • Bon appétit = boun apeti
  • C’est bien bon = qoué bian bou
  • Désirez-vous boire de l’eau ou bien du vin?= que vouéi beure, de l’aigua ou be de vi ?
  • Bonne nuit, portez vous bien, au revoir = bouna neu, pourta vous bian ,ar vère
  • J’en voudrais encore = n’in vole inquère
  • Je n’en veux plus merci = n’in vole pu, voius remerche bian.

 

Bibliographie patoisante

 

Livre: « Le Patois de moi à toi » de Georges Dumas

L’auteur fait œuvre de passeur et nous fait revivre l’école communale, les travaux des champs…
Il nous fait part de ses histoires de jeunesse et de celles qu’on lui racontait et en restitue la tonalité dans une traduction française.

Il offre un lexique Français/Patois et Patois/Français enrichi d’une phonétique simplifiée.

A ceux qui penseraient que les patois sont perdus, cet ouvrage vient rappeler qu’il est encore des gens pour faire entendre, en version originale, la voix de cette culture rurale.

 

 

 

 

Ouvrages de Johannès Dufaud

Natif de Lafarre, il est auteur de recueils de chansons traditionnelles « Chansons anciennes du Haut-Vivarais » et « 300 chansons populaires d’Ardèche ».

 

 

 

 

On lui doit également :

– « L’Occitan Nord-Vivarais ».
Cet ouvrage comprend un dictionnaire, une grammaire. C’est la référence pour le patois de la partie Nord de l’Ardèche.

– le « Dictionnaire Français-Nord-Occitan, Nord du Vivarais et du Velay »

– « Les histoires du curé de Lafarre » (extaits)

« L’autre jorn me demandavo coma anavo faire per vos escrire, totas las setmanas, on petit bilhet. Qu’es pas tant comòde qu’aquò. N’i a que m’an dit, chau nos racontar de blagas, nos amusar daube d’istoaras coma las amavam ben dins lo temps.

Tè, parla-nos dau curat de La Fara e de son campanèir que minjava son lard. Parla-nos dau temps passat, dau bon temps de nòstres vielhs que n ’avem la languisson. Parla-nos de las meissons, de las feneiralhas, las eicossalhas, las vendèimias e la tuaa dau cailhon !… »

« L’autre jour je me demandais comment faire pour vous écrire, toutes les semaines, mon petit billet. C’est pas si facile. Certains m’ont dit, il faut nous raconter des blagues, nous amuser avec des histoires telles que celles que nous aimions bien autrefois.

Tiens, parle-nous du curé de Lafarre et de son sacristain qui lui mangeait son lard. Parle-nous du temps passé, du bon temps des anciens, nous en avons la nostalgie. Parle-nous des moissons, des fenaisons, des battages, des vendanges, et de la tuaille du cochon !… »

Joannès Dufaud est décédé en mai 2019 à l’âge de 94 ans.

 

 

Marie Mourier, arrivée à Vaudevant à l’âge de 3 ans lorsque ses parents viennent y exploiter une ferme au lieu-dit « la Roue », est l’auteure de nombreux textes, histoires, chansons, poèmes, écrits dans la langue en patois.

À travers ses récits de vie, c’est toute une mémoire paysanne d’un pays rude: « PaÏs de penas onte pasmens le cure e l’onor tenian tan de plaça« .

 

Un sentier d’interprétation dans le village permet de découvrir la langue occitane et l’histoire de Marie Mourier.

 

 

Plusieurs associations maintiennent  la tradition et apprennent le Patois, parmi elles

  • OCn.Folk à Coucouron qui a pour objectif de faire vivre la culture Occitane et locale. Elle  propose des rencontres pour  parler Patois et s’initier aux danses traditionnelles
  • Atelier « Patois ardéchois et occitan, mémoire et patrimonialisation, à Vernoux et Saint Apollinaire de Rias.
  • Chantelermuze à Saint Victor.

 

A Saint-Félicien, se déroulent des rencontres occitanes.

Des cours d’occitan ont lieu à Tournon, dans le cadre de l’Université Populaire et à Annonay, avec la MJC.

En 2019, des rencontres patoisantes ont été organisées à Lamastre.

 

« Seriam uroses de vos aver amb nosautres »

Nous serions heureux de vous avoir avec nous

 

RAD

 

 

10 commentaires sur Patois ardéchois – Ce qu’il en reste…

  1. Bonjour à vous,

    Je vous informe qu’à Saint-Félicien des rencontres occitanes mensuelles ont lieu depuis presque 2 ans.

    Des cours d’occitan se déroulent aussi
    – à Tournon, dans le cadre de l’Université Populaire
    – à Annonay, avec la MJC

  2. Bonjour,

    Mon message ne concerne pas directement cette page, mais je vous sollicite quand même pour un renseignement.

    Originaire de Saint-Montan (extrême Sud du 07), je cherche une petite traduction en UN des patois de notre montagne Ardéchoise :
    « Garçon de la Montagne »

    Peut-être pourriez-vous m’orienter.

    J’ai trouvé quelques traductions pour « Montagne », mais il s’agit d’un patois occitan, pas forcément donc Ardéchois.

    Je vous remercie par avance pour votre aide !

    Salutations,

    Esteban MATHON

    • Bonjour
      Allez voir
      forezhistoire.free.fr/pierre-dumas-bourree.html

      La chanson est chantée en patois de la région de Thiers
      « Jan-Piare dansavo
      Sen bralha, sen chopey.
      Son pan voletavo,
      Fojo vire son ousey.

      Quèlo poro Jonète
      Oguè pidà de se.
      Lo i pritè so gabio
      Po mossé son chardë. »

  3. Bonjour, savez vous où je pourrai me procurer un exemplaire du livre « le patois de moi à toi » de Georges Dumas? Il n’est pas disponible sur Amazon…
    Merci

  4. Bonjour, je cherche une information je trouve en tapant bedeaux que c’est le nom donné par les dromois aux Ardéchois, mais pour quel raison ?
    Il est aussi écrit Bedeaucie (Ardèche) mais encore une fois je ne trouve pas d’information.
    Pouvez-vous m’aider ?

    Merci

    • Bedeau viendrait de « bec doc » soit bec du Languedoc. C’est l’explicitation que l’on m’a donnée i y a quelques années. Mais… est-ce la bonne? La carte du Languedoc semble le confirmer.

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