Des condamnés à des travaux d’intérêt général en renfort dans les maisons de retraite ardéchoises ?

 

Cette proposition est la dernière trouvaille de l’ARS (agence régionale de santé) pour tenter de faire face au manque de personnel dans les maisons de retraite de l’Ardèche.

 

Elle ne fait manifestement pas l’unanimité notamment chez les directeurs d’établissements concernés qui sont confrontés à une pénurie en personnel récurrente depuis des années et encore aggravée par l’obligation vaccinale des soignants.

 

Travail d’intérêt général: c’est quoi ?

 

Il s’agit de peines alternatives à la prison qui consistent à effectuer un travail gratuit dans une association ou un service public.

Ces travaux durent de 20 à 120 heures en cas de contravention, de 40 heures à 210 heures en cas de délit. Ils doivent être exécutés dans les dix-huit mois suivant le jugement.

 

Un tuteur ou référent au sein de la structure qui accueille le condamné doit assurer son accompagnement quotidien. Il doit suivre également la bonne exécution de la peine et faire le relais avec la Justice, ce qui nécessite pour l’établissement le détachement au moins partiel d’un salarié pour faire face à ces obligations.

 

Si pour toute solution au manque de personnel dans nos Ehpad on ne propose que le recours au travail d’intérêt général, c’est qu’il y a vraiment un problème de volonté politique nationale sur la bien traitance de nos aînés et le respect qui leur est dû et de celui également dû aux soignants !

 

Une telle mesure pose vraiment question y compris chez l’AGADRES (Association Gérontologique Ardéchoise des Directeurs et Responsables de Service) qui regroupe 26 directeurs de 33 établissements.

L’association lance une tribune pour alerter sur les difficultés de recrutement dans les Ehpad, elle demande « une véritable campagne de recrutement en Ardèche associant le Département, la Région et l’Etat » et fait des propositions.

 

La tribune de l’AGADRES:

 

« Quelle est la situation Ressource Humaines au sein de nos établissements ?

 

Depuis des mois et des années, nous sommes confrontés à des difficultés de recrutement récurrentes, notamment sur les métiers Infirmiers, Aides-Soignantes et Agents de service. Malgré le Ségur de la santé qui a vu augmenter la rémunération nette des professionnels, des formations qualifiantes proposées, nous déplorons les difficultés à pourvoir les postes vacants et à recruter des remplaçants.

L’obligation vaccinale des agents a de surcroit temporairement accentué l’absentéisme déjà bien prégnant dans notre secteur du grand âge (arrêts maladie, suspension d’activité et demande de congés).

Le recours massif à des agents faisant fonction Aide-Soignant débutant, à du personnel intérimaire ou à des nouveaux profils en soutien (bénévoles, travaux d’intérêt général, contrats aidés, services civiques, etc..) occasionne inéluctablement une dégradation de la qualité d’accompagnement que nous devons à nos ainés. Par ailleurs, la qualité de vie au travail se trouve également dégradée et les risques professionnels sont accrus (risques psychosociaux ou physiques).

 

Quelles perspectives pour nos établissements ? Quelles compétences pour accompagner les résidents ?

Nous demandons une véritable campagne de recrutement en Ardèche associant le Département, la Région et l’Etat.

Le Ségur de la santé a été une avancée à la revalorisation financière des métiers du soin, il faut maintenant poursuivre sur l’attractivité et les valeurs de nos métiers de l’humain.

 

Tous les établissements membres de notre association quels que soient leurs statuts font écho des mêmes difficultés et des mêmes demandes.

La responsabilité des directeurs dans cette situation de pénurie de personnel est au cœur de nos préoccupations, faire le lien entre la nécessité de service, la prise en charge des résidents et nos énormes difficultés à recruter est un dilemme permanent qui repose sur les Directions et les organismes gestionnaires.

 

Nous souhaitons faire état de nos pistes de réflexions à l’ensemble des acteurs :

Travailler sur l’attractivité des métiers et le recrutement via un plan de communication à l’instar de l’armée par exemple.

Développer l’apprentissage et l’alternance sur les formations Aides-soignantes et infirmiers.

Solliciter fortement et accompagner les demandeurs d’emploi à se diriger vers nos métiers.

 

Nous directeurs réprouvons cette situation d’accompagnement dégradée pour nos résidents, situation indépendante de notre volonté.

Nous lançons un signal d’alerte pour une mobilisation générale de l’ensemble des acteurs, l’association AGADRES souhaite y prendre toute sa part ».

 

Rappelons à ce sujet que selon la Fédération 3977 qui agit contre les maltraitances des personnes âgées et des adultes en situation de handicap, la maltraitance en maison de retraite va majoritairement à l’encontre des intentions des professionnels de l’aide et des soins.

 

Des ressources en personnels insuffisantes, la faible attractivité des métiers concernés, les formations lacunaires, les difficultés de management et des directives inappropriées, expliquent en partie les faits de maltraitance.

 

RAD

 

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