Charbons ardents – une société malade

 

Cette nuit du 26 novembre, dans un quartier de Paris, Michel Zecler, 41 ans, a été roué de coups par quatre policiers à l’entrée et sortie de son domicile.

 

Michel Zecler a grandi à Bagneux en région parisienne. Il est producteur de musique, donc entrepreneur. Il fait partie de la classe moyenne supérieure. Son agression a provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux.

 

A ce stade de l’enquête, seul le fait qu’il soit noir aurait motivé le comportement des policiers, leur « connerie », scandaleux euphémisme employé par le ministre Darmanin.

Si la suite révélait un comportement inapproprié de sa part, cela ne saurait de toute façon excuser le passage à tabac dont il a été la victime.

 

En quelques minutes, la « France Orange mécanique », « la France qui s’ensauvage » a pris une autre forme, non plus celle, trop souvent réelle, des banlieues, mais celle de quatre sinistres individus qui auraient prémédité leurs actes irrationnels, auraient tenté de les justifier par des faux en écritures et proféré à plusieurs reprises à l’encontre de leur victime : « sale nègre ! ».

 

En deux mots, toute la haine, toute la bestialité d’ignorants malfaisants qui discréditent en 10 minutes leur profession et n’ont rien à y faire.

 

Et bien loin de nous l’envie de jeter l’opprobre sur cette même profession qui vit sur des charbons ardents depuis des mois, otage de lois ou projets de loi liberticides, rétrogrades ou inapplicables, et admet volontiers, en aparté, supporter les mêmes contraintes économiques que le reste de la population.

 

Notre société, notre pays, celui des Lumières, de Hugo, de Voltaire, est vraiment malade, mais pas seulement de cette maladie dont on nous rebat les oreilles depuis 10 mois.

 

Elle est malade parce que l’enseignement des valeurs humaines essentielles n’est plus à l’ordre du jour.

 

Elle est malade parce que l’école ne peut plus que fabriquer du « crétin », qu’elle se heurte à la primauté de l’image et du paraitre,

Il n’est plus temps de s’étonner de voir de part et d’autre du spectre social autant d’individus immatures, malléables. Ce sont les mêmes qui vont casser du « nègre » ou de l’arabe et vont s’extasier devant les exploits de M’Bappé ou de Zidane en son temps, coup de boule compris.

 

Elle est malade parce que le vivre ensemble qui suppose qu’on définisse un cap, une perspective, a été sacrifié sur l’autel du toujours moins d’État, de l’individualisme et du consumérisme.

 

Elle est malade de cette « main invisible » du marché qui broie les masses au profit de quelques-uns.

 

Elle est malade parce que les travers naturels des êtres humains sont exploités par quelques individus dont les ordres irrationnels, les idées nauséabondes, le comportement irresponsable ou les propos indignes de la fonction qu’ils exercent, font écho chez les esprits faibles.

 

Elle est aussi malade de leur complaisance criminelle à l’égard des fanatiques de tous bords tout comme est coupable l’inconscience de certains à réveiller chez ces mêmes fanatiques l’envie de passer à l’acte.

 

Alain Bosquet écrivait dans « l’Homme Civilisé »

 

« J’ai gazé quelques Juifs : c’est une race affreuse.

Puis je me suis distrait en écoutant Mozart.

J’ai fusillé des partisans : c’est la chienlit.

Puis j’ai humé la rose avec un tel amour !

 

J’ai dépecé l’Arabe : une bête de somme,

Puis j’ai mis des faveurs au cou de mon caniche.

J’ai enterré vivants des Arméniens : les Turcs

Avaient raison ! Puis j’ai songé au Tintoret.

 

A Vélasquez, à Zurbaran. J’ai réchauffé

Le Nègre : était-il fade, avec sa sauce au vin !

Puis au bord de la mer j’ai relu Jean Racine.

 

J’ai arrosé les Vietnamiens, de ce napalm

Qui les réduit à ce qu’ils sont : quelques cloportes,

Puis j’ai fait ma chanson d’homme civilisé »

 

RAD

 

1 commentaire sur Charbons ardents – une société malade

  1. Si notre société était un cheval, on l’aurait abattue devant tant de souffrance.
    Cette agression, à priori raciste qui plus est, n’est qu’un des symptômes de cette souffrance.
    Manque de moyens, manque de recul, manque de repos, bêtise encouragée devant une réflexion qui elle dérange…
    Tous les services publics sont rendus inopérants, voir dangereux.
    A quel moment l’humanité comprendra que la direction prise par notre civilisation mène à une fin désastreuse ?
    Nous pouvons agir à notre niveau, même devant l’immensité du travail à faire : « Comment déplacer une Montagne ? Une pierre à la fois mon ami, une pierre à la fois ».

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