A Lamastre – « Justes parmi les nations » Rosa RANC, Emile et Noëmie MANDON

 

Qui sont les Justes ?

 

Depuis 1963, l’état d’Israël attribue le titre de « Juste parmi les Nations », sa plus haute distinction civile, à des personnes non juives qui au péril de leur vie ont aidé des Juifs persécutés par le régime nazi.

 

 

Le Représentant de l’Ambassade d’Israël remet alors aux « Justes parmi les Nations» ou à leurs ayants-droits, une médaille gravée à leur nom ainsi qu’un diplôme d’honneur. Leurs noms sont inscrits sur le mur du Jardin des « Justes parmi les Nations » à Jérusalem et à Paris, dans l’allée des Justes, près du Mémorial de la Shoah.

 

 

Rappelons qu’il y avait environ 320 000 juifs en France en 1940. 76 000 ont été déportés, 2 551 seulement sont revenus, et parmi ces derniers aucun enfant.

 

Parmi les 4 099 « Justes » de France, trois sont lamastrois

 

Rosa Ranc

 

 

 

 

 

 

Rosa Ranc et son mari, Henri, exploitent une ferme à Chamau sur la commune de Lamastre . Henri est fait prisonnier de guerre en Allemagne en 1940, il ne reviendra de captivité qu’en 1945.

 

Pendant toute la durée de la guerre, Rosa vit avec ses beaux-parents et son petit garçon Georges, âgé de 4 ans.

 

 

 

 

 

 

           (Rosa, Henri et Georges en 1939)

 

Gérald Levy arrive dans la région à la fin 1942, caché à Désaignes par l’intermédiaire du docteur Elisée Charra, médecin chef à l’hôpital de Lamastre et résistant.

Il est logé à l’Hôtel Ranc avec sa mère à demi aveugle et sa nièce Muriel Weill, âgée de trois ans dont la mère et le grand père ont été déportés.

Ils louent ensuite une maison au village mais bientôt, afin d’assurer à Muriel une plus grande sécurité, la menace d’une rafle à Lamastre étant imminente, ils cherchent pour elle une cachette.

 

Suzanne Ranc, la patronne de l’hôtel des « Voyageurs », leur conseille de s’adresser à sa cousine Rosa Ranc à Chamau, petit hameau isolé sur les hauteurs de Lamastre.

Encouragée par la Diaconesse de Lamastre, Rosa accepte d’accueillir la petite Muriel et l’éduque comme sa fille en lui assurant la nourriture, l’hébergement et la protection jusqu’à la fin de la guerre.

La « petite Mimi » sera présentée comme la cousine de Georges, son compagnon de jeux.

 

Rosa accueille d’autres enfants Juifs que les réseaux protestants font séjourner temporairement dans sa ferme.

 

Engagée dans son action de Résistance, elle accueille pendant plusieurs mois deux réfractaires au S.T.O. (service du travail obligatoire en Allemagne) originaires de Lamastre qui couchent dans la grange.

 

En septembre et octobre 1943, elle offre le refuge au Pasteur Trocmé, l’un des organisateurs de l’aide aux Juifs sur le plateau ardéchois et recherché par la Gestapo.

 

 

 

Le 7 février 2000, est décerné à Rosa Ranc le titre de « Juste parmi les Nations ».

La cérémonie de reconnaissance s’est déroulée au centre culturel de Lamastre le 20 juin 2001.

 

 

 

Rosa et Henri décèdent tous les deux en février 2002 à 2 jours d’intervalle, Rosa avait 93 ans. Ils sont inhumés ensemble dans le cimetière familial.

Ils sont les grands-parents de Philippe Ranc, ancien conseiller municipal à Lamastre.

 

Emile et Noëmie Mandon

Après que son père, Pierre, directeur de société de tissage de jute à Marseille ait été remplacé par un administrateur par le régime de Vichy, Francis Klein, 7 ans, quitte sa ville natale pour s’installer à Lamastre où le père avait un client: Emile Mandon, minotier à Mariguet.

 

En 1942, toute la famille Klein (8 personnes) plus deux couples amis M. & Mme Montus et M. & Mme Maous (au total treize personnes) sont accueillis par Emile et Noémie Mandon qui leur trouvent des logements.

Emile fournit à la famille Klein des faux papiers d’identité au nom de Petit.

Pierre travaille à la minoterie comme comptable. Sa femme passe souvent l’après-midi avec Noémie.

 

Quand la famille Klein décide de déménager à Gap en zone italienne, Emile les transporte en leur faisant passer la ligne de démarcation dans sa voiture personnelle. Après la capitulation italienne, c’est encore lui qui retourne les chercher pour les ramener à Lamastre.

 

Au cours d’une descente allemande à Lamastre, Emile Mandon accourt en urgence à l’école primaire pour demander au directeur de mettre à l’abri Francis Petit (Klein) et son cousin, ce que fait aussitôt le directeur.

 

En 1942, c’est chez Mandon que sera caché le buste en bronze de Charles Seignobos déboulonné par le gouvernement de Vichy afin de le transformer en métal fondu pour l’effort de guerre allemand.

Accompagné de Noël Préti , il retrouve le buste à Grenoble et réussit à le racheter pour 15 quintaux de farine , du café et un demi cochon. Il parvient à le ramener sur des routes où il est interdit de circuler… puis l’enterre dans son jardin

(lire à ce sujet famille de notables les Seignobos à Lamastre)

 

En 1944, au cours d’une rafle à Lamastre, une dizaine de juifs – dont M. & Mme Maous – sont arrêtés et déportés. Là encore, M. Mandon réussira au dernier moment à rattraper Simone, la femme de Pierre Klein et un de ses fils, qui sans s’en rendre compte se dirigeaient droit vers les Allemands.

 

Emile et Noémie prendront bénévolement des risques importants pendant trois ans.

 

 

 

Le 15 décembre 2009, leur est décerné le titre de « Justes parmi les Nations » mais à titre posthume car après le décès de Noémie en 1993 à l’âge de 89 ans, Emile s’éteint en 1999 à 97 ans.

La cérémonie de reconnaissance s’est déroulée à Lamastre le 22 août 2013.

 

 

(Remise, à titre posthume, de la médaille des « Justes parmi les nations » en présence des familles Klein et Mandon)

 

 

Les Justes prouvent que, même dans les pires situations, la Résistance est possible et que l’on peut s’opposer dans un cadre collectif ou individuel.

 

 

 

La reconnaissance envers Rosa, Emile et Noëmie dont la conduite a été exemplaire reste un devoir de mémoire.

 

 

RAD (principales sources ajpN)

 

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